dimanche 9 novembre 2014

Toune du jour numéro 126

Love me like I'm not made of stone, Lykke Li

Je sais déjà que certaines personnes vont grincer des dents dès les premières notes de cette chanson. Mais moi j'aime Lykke Li et sa voix qui arrache tout. C'est une chanson qui fait mal, juste comme je les aime.

dimanche 19 octobre 2014

Qui de nous deux?

Extraits d'un récit très touchant de Gilles Archambault, journal écrit après la mort de sa femme qui parle d'amour, de deuil, de solitude.

"Tout couple connaît un jour ou l'autre des moments difficiles. Je ne suis en rien psychologue, qu'on n'attende pas de moi des conseils sur la réussite de la vie conjugale. Bien sûr, il y a eu des moments où je me suis mal comporté, d'autres où je me suis interrogé sur la pertinence d'une intimité partagée. Vers la mi-trentaine, je me sentais parfois un peu confiné. J'avais besoin d'air, j'étais en manque de douceur. Quand on connaît l'amour, on n'est jamais repu. On voudrait que l'autre répète à l'infini des gestes qui nous ont paru importants. On en vient à chercher sottement ce que l'inédit seul peut apporter. Maintenant que la mort de Lise m'a rendu à ma solitude première, ne serais-je pas prêt à toutes les capitulations pour la voir à mes côtés pendant quelque temps encore? Je n'exigerais pas le retour des moments d'exultation. Nous n'en aurions pas le goût. Je me contenterais de cette vie quotidienne sans surprises, m'efforçant de trouver rassurants les gestes routiniers qui jadis me lassaient."

Qui de nous deux?, Gilles Archambault, p. 34-35

***

""Au moins, vous avez beaucoup voyagé", me dit-on parfois. Je ne le nie pas, mais d'avoir connu ce qui ressemble au bonheur ne vous console pas de l'avoir perdu."

p. 57

***

"Lise m'a laissé dans un état lamentable. Je ne peux le nier, j'ai honte d'être encore de ce monde pendant qu'elle n'y est plus. Après tout, c'est elle qui m'a empêché de désespérer, Avec elle, j'oubliais parfois pendant quelques jours que la vie est absurde. "Quelle couillonnade", aurait dit Valéry sur son lit de mort. Je ne suis pas tout à fait d'accord : la vie peut être supportable si on a quelqu'un qui partage son désarroi. Je sais bien que mes enfants, que quelques amis sont là, mais il me manquera toujours cette femme qui m'a éveillé à la seule sérénité dont j'ai été capable."

p.80-81

vendredi 17 octobre 2014

Porc-épic et la chambre à coucher

Froide soirée l'hiver dernier. Il fait environ 30 degrés sous zéro. Nous sommes blottis dans le salon après un énième souper BBQ, parce que oui, Porc-épic a fait du BBQ presque tous les week-ends l'hiver dernier, froid pas froid. Après un échange de gestes et de regards dans le salon, Porc-épic tire sur mes bras et m'entraîne vers la chambre pour faire l'amour. 

Je proteste.

Moi : Pourquoi faut absolument qu'on vienne dans la chambre comme des vrais grands-parents? 

Porc-épic : Ben là, chu trop petit pour te fourrer sur le comptoir, chu pas assez fort pour te fourrer contre le mur, je veux pas fourrer sur le divan neuf, dans la douche c'est poche, faque quessé tu veux que je fasse...veux-tu aller fourrer accotés sur le barbecue? Tu vas trouver ça un peu frette dehors. 

Je ris. 

lundi 13 octobre 2014

L'automne et les amoureux

Pour le long week-end, j'avais envie de sortir de la ville, de profiter du froid, des couleurs de l'automne. J'avais évidemment envie de retourner voir ma Gaspésie chérie. Mais j'avais aussi très envie de me blottir contre Porc-épic. Autant j'étais tannée de le voir traîner dans la maison l'hiver passé, autant la différence est presque brutale cet automne et parfois, je m'ennuie un peu de lui avec l'école et le travail, quand travail il y a. Et Porc-épic, lui, n'avait pas envie d'aller en Gaspésie finalement, pour toutes sortes de raisons, principalement financières.

J'étais donc déchirée...la Gaspésie ou Porc-épic? Finalement, mon coeur d'amoureuse a tranché et j'ai décidé de rester avec Porc-épic, mais lui ai dit que si je restais, ce n'était pas pour passer toute la fin de semaine à me morfondre à la maison.

J'ai donc pris congé vendredi et nous sommes partis camper au parc du mont Mégantic. Ça faisait vraiment longtemps que je n'avais pas campé quand il fait autour de zéro. Nous avons passé une super soirée à jaser autour du feu, à regarder les étoiles, à manger un steak malade sur le feu et de délicieuses guimauves grillées, à grelotter un peu et à se lever périodiquement pour se réchauffer les fesses face au feu. Après, sous la tente, le froid et la bonne humeur étaient plus que propices à trouver des activités susceptibles de réchauffer très très rapidement et efficacement l'intérieur de nos sacs de couchage. Le lendemain, tout ça m'a donné plein d'énergie pour grimper une montagne, savourant l'air frais et admirant la beauté des forêts mixtes en octobre.

Pour le reste de la fin de semaine, poutine, cheesecake, cinéma, emplettes sur Saint-Denis au gros soleil, bref, une super fin de semaine qui m'a même fait oublier que j'aurais pu être devant mon fleuve adoré, ce qui n'est pas peu dire.

L'automne est vraiment la saison des amoureux je trouve. Et définitivement ma saison préférée.

dimanche 12 octobre 2014

L'énigme du retour, pour la dernière fois

"Le demi-siècle est une frontière difficile
à franchir dans un pareil pays.
Ils vont si vite vers la mort
qu'on ne devrait pas parler d'espérance de vie
mais plutôt d'espérance de mort."

p. 213

***

"Pour chaque bras qui pointe
un revolver sur vous
il y a une main qui vous offre un fruit.
Toute parole méprisante de l'un
est effacée par le sourire de l'autre.
On reste incapable de bouger
entre ces deux pôles."

p. 218

***

"Pas trop sûr d'être
dans un temps réel
en m'avançant vers
ce paysage longtemps rêvé.
Trop de bouquins lus.
Trop de peintures vues.
Regarder un jour les choses
dans leur beauté nue.

Toujours trop d'espoir devant soi. 
Et trop de déceptions derrière soi.
La vie est ce long ruban
qui se déroule sans temps morts
et dans un mouvement souple
qui alterne entre espoir et déception."

p. 284

lundi 6 octobre 2014

La prof à la sucette

Je me lève ce matin, grosse sucette surprise dans le cou, probable conséquence d'embrassades un peu trop intenses de Porc-épic hier soir et de mon épiderme trop sensible. Je mets des boucles d'oreille un peu plus longues et me demande si quelqu'un va m'en parler au travail...

Première période de la journée, je suis avec le groupe de 16-18 ans, penchée sur un bureau en train de parler à un élève. Je commence à donner une explication à toute la classe et relève ma tête tranquillement tout en parlant pour regarder mon auditoire. Mes yeux croisent ceux du clown de la classe, qui me lance des regards moqueurs en se grattant le cou et en hochant la tête du genre "wow madame, good job!". J'ai complètement perdu le fil de ma pensée, me suis interrompue en plein milieu de ma phrase et suis partie à rire. Évidemment, je pouvais compter sur lui pour ne pas laisser ma sucette passer inaperçue. Mais ce qu'il y a de bien avec les clowns brillants dans son genre, c'est qu'une bonne rigolade complice suffit, ils n'ont pas besoin de faire le show pour tout le monde.

dimanche 5 octobre 2014

Porc-épic le gars d'boules

Porc-épic et moi sommes au coeur d'une engueulade de type nucléaire. Je lui lance la remarque suivante. 

Moi, en haussant le ton : Ben ouais, je suis de même, quesse tu veux! J'ai jamais dit que je voudrais sortir avec moi-même.

Porc-épic rit. 

Porc-épic : Je peux-tu la ressortir celle-là pis te la répéter une autre fois?

Moi, en boudant : Non, t'avais rien qu'à y penser avant.

Porc-épic : Moi j'ai déjà pensé sortir avec moi-même, mais j'aime pas assez les pénis. Quesse tu veux, ch't'un gars d'boules. 


samedi 4 octobre 2014

Toune du jour numéro 125

My favourite faded fantasy, Damien Rice

Ce n'est même pas une toune, mais un teaser pour le grand retour de Damien Rice! Pour mes oreilles, c'est quand même 1m47 de pur bonheur que j'ai écouté des dizaines de fois depuis sa publication.

dimanche 28 septembre 2014

On ne rentre jamais à la maison

"J'ai bien essayé. J'ai joué la crédulité et l'extravagance, j'ai mimé l'enthousiasme devant l'irréel et l'inconnu. Mais je ne suis pas ma soeur. Je l'aurais aimée, peut-être, je l'aurais aimée, sûrement, comme je peux aimer les chats qui sont pourtant d'une autre espèce. Mais je n'ai pas pu être elle. Je ne suis pas crédule et extravagante. Je n'aime pas avoir peur, je n'aime pas le sang, je ne rêve pas de me faire enlever par un extraterrestre. Je suis douce, je suis posée, je suis logique. J'aime que les choses soient claires. J'aime le réel, le concret. Et je prends des preuves de ma vie depuis toujours, depuis ce jour où mon père, quel coup de génie, m'a offert un appareil photo, j'avais six ans, avais-je six ans? Je ne sais pas quel âge j'avais, mais c'était mon anniversaire. C'était le plus beau jour de ma vie, c'est encore le plus beau jour de ma vie, c'est peut-être le premier jour de ma vie. Je vois des choses, je les aime, je les garde, je les emprisonne pour qu'elles existent toujours et ne puissent jamais disparaitre. Dans notre famille, les disparitions, on n'aime pas. Regardez cet arbre, regardez cet oiseau, regardez ces enfants dorés aux genoux éraflés, regardez la mer, ce petit bout de plage et ces morceaux de corail dans ce petit bout de mer, je l'ai vu. C'était là, j'étais là."

On ne rentre jamais à la maison, Stéfani Meunier, p. 78-79

***

"Pour moi, Pierre-Paul était plus qu'un ami de ma soeur. Sur chacune de la dizaine de photos sur lesquelles il figurait, cet amour qui crevait les yeux, qui voulait sortir du cadre et prendre toute la place, cet amour tout neuf même si les photos, elles, datent maintenant de plus de vingt ans. L'amour de Pierre-Paul resterait toujours neuf, parce qu'elle avait disparu. L'amour, ça ne peut pas être toujours comme ça. Ça vieillit. Moi, j'ai vingt-six ans, je suis toute jeune, il parait, c'est ce qu'on me dit, mais j'ai un vieil amour, un amour tout usé et confortable, depuis huit ans que je le porte, parfois je lui dis, François, qu'est-ce que tu en penses, peut-être que je devrais disparaitre, te quitter pour que tu m'aimes plus fort, partir pour devenir la femme idéale, pour devenir un souvenir que tu polirais jusqu'à ce qu'il brille comme un diamant, pour qu'il t'éblouisse comme une carrière de quartz au soleil? Il dit que je suis folle en me prenant la main, François, qu'il m'aime même si je ne brille pas comme un diamant, même si j'ai les cheveux défaits, les yeux cernés par toutes ces nuits à regarder notre enfant dormir, le ventre gonflé par cette nouvelle vie qui y pousse, parfois je lui demande, François, crois-tu que je vais me lever deux fois plus la nuit pour en regarder deux dormir?"

p. 88-89

***

"Mon fils ne comprend pas le temps. En sautant du lit, il me demande si on va souper. Parce que j'ai faim, maman. Déjeuner, dîner, souper, pourquoi tous ces mots si ça veut dire qu'on a faim, qu'on prépare un repas, qu'on s'assoit à table et qu'on mange? Pour lui, hier, c'est n'importe quand avant maintenant. Pour lui, demain, c'est demain, c'est dans deux minutes, c'est dans deux ans. Et parfois hier et demain se confondent et n'ont aucun sens à ses yeux. Il n'y a que tout de suite qui existe. Je veux aller à la piscine, je veux y aller maintenant, et pendant que je mets nos maillots et nos serviettes dans un sac, il dit c'est long, il ne comprend pas pourquoi on attend encore, je ne serais pas surprise qu'il invente la téléportation quand il sera grand tellement tout ce délai dans la réalisation de son moindre souhait lui semble aberrant. Ici et maintenant. Pour lui, c'est tout ce qui existe. [...] Peut-être que les enfants de cinq ans devraient savoir écrire et nous pondre des livres qui nous expliqueraient comment ça fonctionne. Parce que nous, les adultes, on pense beaucoup à la semaine et à l'année prochaines, aux gens et aux sentiments qui ne sont plus là ou pas encore."

p. 107-108

vendredi 26 septembre 2014

Le shift de soir d'Émilie Bordeleau

Prof d'éduc se plait souvent à me traiter de princesse. Selon lui, je suis capricieuse et bosseuse et j'aime qu'on m'obéisse. Il y a peut-être là un petit fond de vérité, grandement exagéré cependant. C'est que Prof d'éduc adore me faire pogner les nerfs.

Récemment, nous nous obstinions devant un autre prof dont je m'étonnais du manque flagrant de motivation, qui me semblait d'autant plus étonnant que le prof en question était très jeune et à première vue assez dynamique. Mais là il me servait du "c'est juste une job" et "j'ai déjà hâte à vendredi" et mon air ahuri lui a fait comprendre que je ne partageais pas son point de vue. Prof d'éduc a dit à l'autre prof en riant que j'étais une vraie maîtresse d'école, une vraie Émilie Bordeleau. Il a décidé que ce serait mon nouveau surnom, encore mieux que Princesse. Je l'ai envoyé chier et lui ai lancé un ballon de basket par la tête parce qu'il disait évidemment ça pour m'écoeurer...mais...

Mais on est vendredi soir et je viens de passer 45 minutes à écrire un long courriel au directeur de mon école pour qu'il accepte d'aider un ancien élève qui a demandé mon aide même si je n'étais même pas sa titulaire, mais une prof qu'il voyait un jour par semaine.

Mais je me suis extirpée de mon lit la semaine dernière à 22h00 la tête et le coeur encore tout pleins de Porc-épic pour aller écrire à cet élève et lui donner conseil.

Mais j'ai passé 30 minutes ce midi à parler à la travailleuse sociale d'un autre élève qui m'a confié cette semaine un paquet d'horreurs, le genre d'horreurs qui m'ont fait brailler de rage en cachette dans un recoin du parc où nous étions censés célébrer.

Des fois, je me dis que je suis peut-être un peu folle.

Mais à voir la reconnaissance de l'élève pour qui je passe pas mal de temps devant mon ordi à chercher des documents et à plaider sa cause, à voir le sourire de l'élève poqué qui trouve qu'il s'est confié à la bonne personne et qui est content de voir les choses bouger, à voir la face de la travailleuse sociale qui vante ma capacité d'analyse des situations et ma perception très juste des humains et des drames qui les secouent, mon authenticité et mon empathie, ben je me dis que des fois, je fais bien ma job je pense.

Émilie Bordeleau n'était peut-être pas si folle et ce n'est peut-être pas une si grosse insulte.

Faut juste que je n'ambitionne pas trop sur le shift de soir.

mercredi 24 septembre 2014

Une (mal?)saine compétition

Porc-épic est de retour à l'école. Lui qui a passé les dernières années à ne travailler qu'entouré d'hommes, dans un perpétuel "party de saucisses", le voilà au cégep, entouré de jeunes filles fermes et fraîches facilement impressionnables. Le voilà dans un programme rempli de filles. Moi qui suis insécure et jalouse et possessive à mes heures, disons que cette situation m'a pas mal stressée cet été quand je l'anticipais.

Évidemment, la première personne avec qui il a parlé est une fille de 23 ans, jolie, qui a étudié en cinéma comme lui, qui aime les hommes plus vieux, et tout le tralala.

Hier soir, il prenait une bière avec des amis du cégep. Les amis du cégep se sont rapidement avérés être....cette fille et c'est tout! Il est rentré à 2h00 du matin. J'ai manifesté quelques inquiétudes. Aujourd'hui, nous en avons discuté. Et même si ça m'inquiète, en fait, je me rends compte que ça m'amuse beaucoup dans un sens. Dans mon esprit, Porc-épic est un homme sexy, drôle, brillant, attachant, loyal, frondeur, baveux mais pas trop, bref, un catch! Alors il est inévitable qu'une fille ou même plusieurs s'intéressent à lui. Ça me fait peur. Mais en même temps, c'est pas comme si j'étais moi-même un boudin qui n'intéresse personne. Tout ça m'excite un peu au fond, à ma (plus ou moins) grande surprise. J'aime trop les défis et la compétition. Une jeune fille ferme veut lui faire de l'oeil? Eh bien c'est à moi de m'assurer qu'il me trouve plus hot qu'elle quand il rentre à la maison.

Bring it on!

samedi 13 septembre 2014

La tête cassée

Parmi les moments qui ont marqué mon été, il y en a un plutôt triste. Quelqu'un près de moi et surtout encore plus près de Porc-épic a traversé un très dur moment. Porc-épic a dû faire trois heures de route pour aller chercher cette personne et elle a passé presque une semaine chez nous. Quand il a reçu l'appel et que je l'ai vu s'appuyer lourdement contre le comptoir de la cuisine, les épaules basses, les yeux pleins d'eau, j'ai compris que ça n'allait vraiment pas. Porc-épic qui pleure, ce n'est pas si fréquent et plutôt sérieux. Il m'a dit, désemparé, qu'il aurait  préféré qu'elle ait une jambe ou un bras cassé. Une tête cassée, on ne sait pas trop quoi faire avec ça. On marche sur des oeufs. Je crois tout de même qu'on a réussi à être là pour elle. Nous avons su poser les questions qui faisaient mal en faisant du bien. Aujourd'hui, elle va beaucoup mieux. Et Porc-épic dort mieux la nuit.

vendredi 12 septembre 2014

Fin du silence radio

J'ai pris des vacances dans tous les sens cet été, y compris des vacances de cette page. Peut-être parce que j'avais envie de décrocher, de ne penser à rien, de profiter du soleil, de ne pas me poser de questions, de m'éloigner un peu de mon ordi, de me pogner le beigne, de prendre un break, de profiter de Porc-épic!

Peut-être que vous êtes tous partis pendant ce temps pour ne pas revenir.

Peut-être que non.

Quoiqu'il en soit, j'ai envie de ressusciter cette page, de me botter le derrière de continuer de partager ici mes coups de blues, coups de coeur, coups de gueule.

À go on repart!

mercredi 9 juillet 2014

En vacances!

J'ai complété ma 5e année d'enseignement, chiffre critique qu'on évoque constamment quand on parle du décrochage des profs. Et après ces cinq années, je le confirme : je suis toujours en amour avec mon travail.
Le lundi matin, j'ai envie de me lever pour aller travailler. En juin, je suis triste de quitter mes élèves et je pense à eux pendant l'été. Habituellement, au mois d'août, je commence à avoir hâte d'y retourner et ça me démange. Aimer son travail est un grand bonheur que je vous souhaite! C'est aussi une bonne partie de ce qui m'a tenue debout dans ce début 2014 marqué par de petits et grands stress, ce qui est toujours difficile à gérer. Ça et Porc-épic. Porc-épic le courageux qui retourne sur les bancs d'école dans un petit peu plus d'un mois. Cet été sera riche en émotions. J'essaierai de prendre quelques instants pour venir les coucher ici, juste un peu.

mardi 17 juin 2014

Les filles

Retour à la biblio très prochain oblige, extrait d'un livre aimé.

"Il y a très longtemps, à l'époque où oncle Stash construisait notre abri d'autobus en métal, je lui ai demandé, impatiente, quand il aurait fini. Il a ri.

- Le gens ne pas finir, Rose. Eux arrêter. Finir, ça veut dire : "Bon. Tout être parfait. Moi je jamais rien changer." Arrêter, ça veut dire : "Bon. Tout ne pas être parfait. Mais moi avoir autre chose à faire." "

Les filles, Lori Lansens, p. 573


samedi 14 juin 2014

Pas du monde

Ces temps-ci, je ne suis pas du monde. La fin d'année me stresse et j'ai l'impression que j'ai un million de choses à faire et de papiers à remplir. Et il y a notre immeuble qui est à vendre, ce qui me stresse puissance mille.

Bref, je suis susceptible et vaguement insupportable. J'espère que mon humeur va s'améliorer dans les prochains jours parce que disons que j'appréhende mon été à petit budget avec Porc-épic. J'ai l'habitude d'être souvent seule et là, il est pas mal toujours là depuis qu'il est sur le chômage. Je me sens un peu cheap d'écrire ça, mais bon, je le pense...J'aime passer du temps avec lui, évidemment, mais je ne suis pas prête à être un couple de retraités relax qui passent toutes leurs journées ensemble à faire des mots croisés. J'ai une grosse bulle et perdre les minutes quotidiennes de solitude totale que j'avais depuis des années me pèse parfois. Il faut dire que ma job est on ne peut plus sociale et que le seul moment de solitude que j'ai est sur la toilette, et encore...Alors quand j'arrive à la maison, ça me fait du bien d'être seule dans le silence. En cette fin d'année riche en stress, j'en aurais bien besoin.

Alors je suis pas du monde. Pour l'instant, Porc-épic arrive à m'endurer. Je pense.

lundi 9 juin 2014

Journal d'Hirondelle

Extrait de ce roman singulier. La singularité étant la spécialité de Nothomb, pour le meilleur et pour le pire.

"En vérité, on passe son temps à lutter contre la terreur du vivant. On s'invente des définitions pour y échapper : je m'appelle machin, je bosse chez chose, mon métier consiste à faire ci et ça.

Sous-jacente, l'angoisse poursuit son travail de sape. On ne peut complètement bâillonner son discours. Tu crois que tu t'appelles machin, que ton métier consiste à faire ci et ça mais, au réveil, rien de cela n'existait. C'est peut-être que cela n'existe pas."

Le journal d'Hirondelle, Amélie Nothomb, p. 9

jeudi 22 mai 2014

L'énigme du retour, encore et encore

"On cherche la vie
chez les pauvres
dans un vacarme absolu.
Les riches ont acheté le silence."

p. 133

***

"La femme de mon ami, une grande rousse,
nous attendait à la porte.
J'ai eu l'impression, devant ce drapeau irlandais 
planté au milieu d'un champ de vaches,
d'être dans un autre pays.

Quelque temps après mon départ d'Haïti,
il est allé en Irlande
où il a vécu une vingtaine d'années. 
Et il a ramené l'Irlande 
dans ce hameau vert niché
sur les hauteurs de Pétionville.

Quand j'étais en Irlande, me dit-il, je vivais à l'haïtienne. Maintenant que je suis en Haïti, je me sens totalement irlandais. Saura-t-on un jour qui on est vraiment? C'est le genre de question qui nous donne l'impression d'être intelligent même sous un éclatant soleil. Pareille vanité ne résiste pas au second rhum-punch. 

Comme une volée d'oiseaux fous
nous sommes partis presque en même temps. 
Nous éparpillant partout sur la planète. 
Et là, maintenant, trente ans plus tard, 
ma génération amorce le retour."

p. 161

***

"Elle me raconte cette histoire : 
une de ses amies qui avait passé sa vie au Togo
et à qui elle a demandé conseil avant de quitter Belfast
lui a fait comprendre qu'on n'est pas forcément
du pays où l'on est né.
Il y a des graines que le vent aime semer ailleurs."

p. 163

***

"Ma vie en zigzag depuis ce coup de fil nocturne
m'annonçant la mort d'un homme
dont l'absence m'a modelé. 
Je me laisse aller sachant
que ces détours ne sont pas vains.
Quand on ne connaît pas le lieu où l'on va
tous les chemins sont bons."

p.167

***

"Un ami est passé me voir à l'improviste,
et nous avons bavardé toute la soirée. 
Cela me change des rendez-vous de là-bas
qu'il faut toujours prendre par téléphone.
À force d'éliminer toute surprise de cette vie
on finira par lui enlever tout intérêt aussi.
Et par mourir sans qu'on le sache.

J'ai l'air de trouver
tout bon ici
et tout mauvais là-bas.
Ce n'est qu'un juste retour du balancier.
Car il fut un temps
où je détestais tout d'ici. 

Les hommes ne peuvent rien cacher
trop longtemps.
On n'a qu'à les regarder vivre
pour qu'ils se mettent à nu devant nous. 
Un cocktail de sexe et de pouvoir
et les voilà déjà ivres morts."

p.211




mercredi 21 mai 2014

Le poids des je t'aime

J'ai quelques amies qui ont le "je t'aime" vraiment spontané et fréquent, particulièrement Papoune, Vénus et Plume.

Ce qu'il y a de bien dans ces cris du coeur amicaux, c'est que ce sont des "je t'aime" qui ont du poids et du sens, des "je t'aime" multicouches qui cachent un paquet de messages qui font du bien.

Des "tu me fais rire et je t'aime". Des "on dirait que quand on ne se parle pas j'oublie comme j'aime le faire mais là je m'en souviens en deux secondes et je t'aime". Des "câline ya ben juste toi qui pourrais dire ça comme ça et je t'aime". Des "j'avais une grosse boule sur l'estomac mais te parler me fait du bien et je t'aime". Des "je ne savais pas que tu me manquais avant d'entendre le son de ta voix mais là je viens de le réaliser et tu me manques déjà un peu même si on n'a pas encore raccroché et je t'aime". Des "si t'étais pas là, la vie serait définitivement plus moche et je t'aime".

Je suis choyée je trouve.

samedi 17 mai 2014

Charlotte before Christ

Petite pause de L'énigme du retour pour citer Charlotte before Christ, parce que je l'ai emprunté à la biblio et ne pourrai pas laisser mes post-its dormir dedans indéfiniment! Ça faisait longtemps que je voulais lire ce roman qui avait piqué ma curiosité à l'époque de sa sortie il y a deux ans. C'est un roman un peu spécial, une drôle de bibitte, un objet culturel tellement ancré dans la culture de son époque, et dans une culture parfois assez éphémère que j'ai trouvé qu'il commençait déjà à mal vieillir. Je ne sais pas s'il passera bien le test du temps, si les lecteurs comprendront les référents dans 10 ans. Il a aussi une fin assez particulière, voire absurde et un peu dérangeante, pas tellement dans le ton du reste je trouve. Et, quand on y pense, il ne se passe pas grand-chose dans ce roman.

Je l'ai quand même lu avec un certain intérêt et j'ai apprécié le ton particulier du narrateur. Et évidemment, le fait que ce soit avant tout le récit morcelé d'une histoire d'amour tout croche mais viscérale m'a beaucoup plu. Quelques extraits pour vous donner envie, ou pas, de le lire.

"Tout le monde me regarde lorsque Charlotte est à mes côtés dans la rue. Mon amoureuse a cette manière de bouger qui anesthésie la raison. Évidemment, c'est une danseuse, mais elle a aussi une vibe animale inexplicable. Ça rend fou. Sa peau est comme une pièce d'ivoire sablée pendant mille ans. Personne ne résiste à ça. Lorsqu'elle est avec moi, je suis high. Même l'homme le plus fort du monde n'arriverait pas à tordre tout le jus de coeur qui photosynthèse pour elle dans mon corps. Le jour où elle devra partir et me laisser seul, ce qui va arriver, j'offrirai au ciel de me faire crucifier à l'unique condition de pouvoir l'embrasser une dernière fois. Je dessine déjà la situation dans ma tête."

Charlotte before Christ, Alexandre Soublière, p.46-47

***

" - Fourre-moi, Sacha. Maintenant. Tout de suite. Je veux ta queue dans moi, elle ordonne.

À vos ordres, Sa Majesté. L'entendre parler comme ça, c'est indescriptible. Je ne sais pas quoi en penser. C'est meilleur que toucher, regarder, goûter. Je ne voudrais jamais devenir sourd. Je pourrais arrêter de rire pour toujours, mais je voudrais encore entendre les explications de tes larmes, Charlotte."

p. 80

***

" - Trouves-tu qu'on en parle trop?
- De Charlotte? Paul demande. 
- Ben, de Charlotte, de nous, de tout? Penses-tu qu'on est en train de défaire le fun de la vie en la déconstruisant toujours comme ça? Dans nos mots?
- Ben non! C'est le contraire! Il y aurait aucun fun à la vie si on pouvait pas se la raconter par après. "

p. 129

***

"N'importe quel bec aux larmes est mille fois meilleur que n'importe quel bec à la menthe."

p.144

***

"J'ai appris dernièrement que le mot nostalgie vient du grec. On se crisse pas mal de l'étymologie, je te l'accorde, mais quand même. C'est intéressant parce que ça veut dire littéralement la douleur d'une vieille blessure. Ce n'est pas juste la mémoire. C'est la ficelle transparente des souvenirs qui mène directement à la maison. À ma maison. À notre maison. À un endroit et à un temps où je sais maintenant, avec certitude, que quelqu'un m'aimait. Quelqu'un s'occupait de moi. C'est le bout de laine enroulé à nos coeurs depuis tellement longtemps qu'il a cicatrisé dans le muscle. Love is watching someone die? Peut-être. Je m'ennuie de toi. Je m'ennuie de nos guerres. De notre première soirée. Du britpop. Pas le britpop de fillettes comme Coldplay ou Muse. Je m'ennuie de Supergrass, de Kasabian, des Verve. Je ne sais pas...Je suis découragé. O.K., je pourrais me trouver une autre fille, une autre vie, tu vas aimer encore, blablabla. Ça ne marchera jamais. Je m'ennuie d'avoir dix-neuf ans avec toi à mes côtés. Ça, c'est irremplaçable. C'est fini, Charlotte.Tout ce que je fais maintenant, je le fais pour la deuxième, troisième, centième fois. C'est pointless."

p. 189-190

***

"Les lèvres sèches de Charlotte touchent les miennes. Mon coeur bat. Ou s'arrête de battre. 

- C'est peut-être une mauvaise idée, ce qu'on vient de faire, je lance.

- Bah...C'est quoi, la vie? À part une série de mauvaises idées? Charlotte répond."

p. 208



mercredi 7 mai 2014

Porc-épic et la passion

Porc-épic et moi nous obstinons à savoir si nous allons au resto ou non. Personne ne veut se brancher, personne ne veut décider.

Porc-épic, exaspéré : Toi, quesse tu veux?

Silence.

Moi, changeant habilement de sujet : Moi c'que j'veux, c'est plus de passion.

Silence.

Porc-épic, avec un petit sourire malin : J'vais t'acheter une boite de Passion Flakies.

Je ris. 

vendredi 25 avril 2014

Les débuts

Petit sursaut de mélancolie hormonale ces derniers jours. Et je ressors ma petite averse de reproches envers mon Porc-épic, elle qui n'est jamais bien loin, il faut le dire. Ah rien de majeur, mais juste cette petite insatisfaction permanente qui doit être bien gossante pour lui.

Et ce soir, j'ai eu l'envie de fouiller dans mes vieux écrits et j'ai constaté à quel point je suis une lâcheuse. Dans mes calepins et dans mon ordi, des tonnes de débuts, mais presque jamais de fin. Je suis celle qui commence un million de projets puis les abandonne, désintéressée ou soudainement attirée par autre chose.

J'ai des dizaines de débuts d'histoire, de phrases bien polies, mais suspendues dans le vide.

J'ai un foulard commencé il y a quelques années maintenant et qui ne fait toujours pas le tour de mon cou.

J'ai toute une boite remplie de perles pour faire des bijoux. Je pense avoir fait un bracelet.

Je viens tout juste de jeter un super vieux kit de peinture sur verre.

J'ai des boites de photos qui attendent d'être triées, d'affiches roulées qui attendent d'être posées, de livres qui attendent d'être dépoussiérés.

Dans toutes mes insatisfactions amoureuses, je me demande s'il n'y a pas un peu de cet attrait pour les débuts, ces premiers frissons, cette excitation de la nouveauté. Il est parfois difficile, dans toute cette culture du coup de foudre et du baiser qui décroche la mâchoire, de vivre le quotidien amoureux avec ses zones de beige.

En même temps, je pense à plein d'intérêts que j'ai qui ne se démentent pas, à mon attachement profond à mon orchestre, à ma loyauté parfois presque ridicule en amitié et je me dis que je ne suis pas si accro aux débuts. Mais j'ai crissement peur des fins, comme tout le monde j'imagine.

mardi 15 avril 2014

L'énigme du retour, encore

"J'imagine que tout s'est passé en douceur. Une chaîne ininterrompue de concessions nous a conduits à ce nouveau mode de vie. Ce n'est pas différent avec les individus. La foule nous absorbe un à un. Aujourd'hui à cinquante-six ans, je réponds non à tout. Il m'a fallu plus d'un demi-siècle pour retrouver cette force de caractère que j'avais au début. La force du non. Faut s'entêter. Se tenir debout derrière son refus. Presque rien qui mérite un oui. Trois ou quatre choses au cours d'une vie. Sinon il faut répondre non sans aucune hésitation." p.56

***

"Des centaines de tableaux recouverts de poussière accrochés sur les murs, le long de la rue. On les croirait peints par un seul et même artiste. La peinture est aussi populaire dans ce quartier que le football. Les mêmes paysages luxuriants reviennent pour dire que l'artiste ne peint pas le pays réel mais bien le pays rêvé. 

J'ai demandé à ce peintre aux pieds nus
pourquoi il peint toujours ces arbres croulant
sous les fruits lourds et juteux
alors que tout est désolation autour de lui.
Justement, me fait-il avec un triste sourire, 
qui veut accrocher dans son salon
ce qu'il peut voir par la fenêtre?" p. 86

***

"Être sur une île déboisée
en sachant qu'on ne verra
jamais ce qui se passe
de l'autre côté de la mer.
Pour la majorité des gens d'ici
l'au-delà est le seul pays
qu'ils espèrent visiter un jour." p.91


lundi 14 avril 2014

Encore l'Enfant-loup

L'Enfant-loup commence à vraiment débloquer. Et quand il réussit quelque chose de bien, je lui fais parfois un "high five". Aujourd'hui, à la récup, il m'a demandé si mon mari sait que je lui fais des "high five".

Décidément, la liste des choses que la future femme d'Enfant-loup n'aura pas le droit de faire avec d'autres hommes devient de plus en plus longue...


dimanche 6 avril 2014

Toune du jour numéro 124

Aimer les monstres, Émile Proulx-Cloutier

Vendredi soir, je suis allée voir le spectacle d'Émile Proulx-Cloutier au théâtre Outremont. J'y allais pour faire plaisir à Belle-Soeur numéro 2. Je ne le connaissais pas vraiment. En fait, la seule chanson que je connaissais de lui, Race de monde, me tapais un peu sur les nerfs. Eh bien j'ai été agréablement surprise! Je n'aime toujours pas Race de monde, mais pour le reste, certaines chansons me sont rentrées dedans comme un coup de poing en pleine face. Et ça fait tellement, mais tellement du bien, quelqu'un qui sait écrire autre chose que du amour/toujours et coeur/pleurs. On dirait une sorte de croisement entre Pierre Flynn et Richard Desjardins et c'est vraiment réussi et fascinant. La toune du jour n'est pas ma préférée, mais c'est la seule autre que j'ai trouvée sur YouTube. Deux jours après le show, le souvenir m'habite encore, ce qui est très bon signe. À découvrir!


dimanche 30 mars 2014

L'enfant-loup

Il y a un élève dans mon groupe de maths qui est tout un numéro. La plupart des profs le trouvent insupportables, sauf son titulaire et moi. Il est exigeant, turbulent, dérangeant. Et adorable, selon moi.

Son prof et moi le surnommons l'enfant-loup, parce qu'il est un de ces jeunes Haïtiens qui se sont visiblement élevés un peu tout seuls. Il manque cruellement d'éducation, dans tous les sens du terme. Il ne manque pas seulement de savoirs, de connaissances académiques, il manque de savoir-vivre, de savoir-être. Au début de l'année, il n'était pas de tout repos (il ne l'est toujours pas, mais c'était pire...). Il parlait en créole constamment, sans sembler s'apercevoir que nous les profs ne comprenions pas tout ce qu'il disait, et que les élèves le comprenaient encore moins. Beaucoup de frustrations, quelques claques échangées entre élèves, même un ou deux crachats au visage.

Les choses se sont tassées, mais il demeure un élève qui demande énormément d'énergie et qui prend beaucoup de place. Mais il a une telle authenticité, une telle vulnérabilité cachée sous une tonne de façade typiquement adolescente, qu'il est vraiment adorable.

Il reste à chacune de mes récupérations depuis le début de l'année, parfois presque jusqu'à 17h, même si elles finissent officiellement à 15h30. Si je suggérais de rester toute la soirée, il le ferait. Il reste jusqu'à ce que je lui demande de partir. Et il bûche tellement fort!

Parmi les trucs qui m'ont vraiment fait rire récemment, il y a sa conception tellement arrêtée de ce qu'est un homme et ce qu'est une femme.

Par exemple, avant la sortie aux glissades, quand nous jasions avec quelques élèves que j'ai suggéré à Enfant-Loup que nous pourrions glisser ensemble, il m'a regardé avec un air ébahi et m'a demandé ce que mon mari allait dire de ça. Euh...j'ai été tellement surprise que j'ai ri et je lui ai dit que ça ne dérangeait pas mon mari que je glisse sur la neige avec des petits garçons!

Plus récemment, j'ai chialé contre une chanson hyper dégoulinante de bons sentiments qu'ils avaient écoutée dans leur cours de français. Enfant-Loup n'a pas compris comment je pouvais ne pas aimer cette chanson. C'est une chanson d'amour qui s'adresse à une femme. Je suis une femme, ergo je devrais aimer cette chanson. Encore une fois, j'ai ri devant son air perplexe.

La semaine dernière, à la fin d'une journée, j'ai bien vu qu'il était préoccupé et traînait dans le local. Je lui ai demandé s'il voulait me parler de ce qui le tracassait. Il a commencé par me dire que je ne pouvais pas comprendre parce que ce sont des problèmes d'homme. J'ai ri et lui ai suggéré d'essayer quand même. Finalement, il m'a parlé de 30 minutes de ses problèmes avec son père. Et sa classique vilaine belle-mère. Et sa mère décédée. Je connaissais les grandes lignes de cette histoire pour en avoir déjà parlé avec son titulaire. Mais ça m'a fait plaisir de l'écouter, d'échanger avec lui, de le conseiller. Et de peut-être, juste un peu, modifier sa perception de ce qu'est une femme.

mercredi 26 mars 2014

Porc-épic et les problèmes de poids

Porc-épic et moi regardons une émission de télé. Il y a une fille vraiment maigre à l'écran. 

Moi : Ouache! Check la fille, elle est tellement maigre, on voit même toutes les bosses sur sa colonne vertébrale, c'est dégueulasse.

Porc-épic : Ouais, ça me met vraiment mal à l'aise le monde de même.

Moi, un peu perplexe face au choix de mot : Mal à l'aise...

Porc-épic : Ouais. J'aime quasiment mieux une madame tellement grosse qu'il faut qu'elle chie dans son bain.

mercredi 19 mars 2014

Toune du jour numéro 123

To build a home, Patrick Watson

Parce que c'est une toune magnifique. Et parce que le show de Patrick Watson à l'Église Saint-Jean-Baptiste est, je crois, un des événements marquants de ma vie. Sans blague.

dimanche 16 mars 2014

L'énigme du retour (premier post d'une longue série)

J'ai tellement aimé ce roman qu'il y a presque autant de post-it que de pages en ce moment...Attendez-vous donc à une longue série de citations de ce roman fabuleux.

"On peut bâtir sa maisonnette
sur le flanc d'une montagne.
Peindre les fenêtres en bleu nostalgie.
Et planter tout autour des lauriers roses.
Puis s'asseoir au crépuscule pour voir
le soleil descendre si lentement dans le golfe.
On peut bien faire cela dans chacun de nos rêves
on ne retrouvera jamais la saveur
de ces après-midis d'enfance passés pourtant
à regarder tomber la pluie."

L'énigme du retour, Dany Laferrière, p. 22


***

"Il y a autant de mystère à s'approcher 
d'un être qu'à s'en éloigner.
Entre ces deux moments
se déploient l'étouffante vie quotidienne
et son cortège de petits secrets."

p. 25

***

"Pour les trois quarts des gens de cette planète
il n'y a qu'une forme de voyage possible
c'est de se retrouver sans papiers
dans un pays dont on ignore 
la langue et les moeurs.

On se trompe à les accuser
de vouloir changer
la vie des autres
quand ils n'ont
aucune prise
sur leur propre vie.

Si on veut vraiment partir il faut oublier
l'idée même de la valise.
Les choses ne nous appartiennent pas. 
On les a accumulées par simple souci de confort. 
C'est ce confort qu'il faut questionner
avant de franchir la porte. 
On doit comprendre que le minimum de confort
qu'il faut pour vivre ici en hiver
est une situation rêvée là-bas."

p. 42

***

"Dès que j'arrivais dans un nouvel appartement
je disposais mes bouquins sur la table.
Tous déjà lus et relus.
Je n'achetais un livre que
si l'envie de lire était plus forte
que la faim qui me tenaillait.

C'est encore le cas de beaucoup de gens.
Quand notre condition change
on pense qu'il en est de même
pour tout le monde. 
J'en connais qui doivent choisir
constamment entre manger et lire. 

Je consomme autant de viande ici 
en un hiver
qu'un pauvre en mange en Haïti
durant toute une vie.
Je suis passé en si peu de temps
de végétarien forcé à carnivore obligé. 

Dans ma vie d'avant, la nourriture
était la préoccupation quotidienne. 
Tout tournait autour du ventre.
Dès qu'on avait de quoi manger tout était réglé.
C'est une chose impossible à comprendre
pour ceux qui ne l'ont pas vécue."

p. 44-45

lundi 24 février 2014

Pour une dernière fois cette année, la Saint-Valentin

Dernière fois que j'en parle, au moins jusqu'à l'année prochaine, c'est promis!

Je voulais revenir là-dessus parce que ma Saint-Valentin a été pleine de bonheur et de douce ironie.

J'ai déjà parlé de ma discussion avec Porc-épic, à qui j'ai dit que même si je n'allais rien avoir, il allait avoir du bon sexe, pendant que mes collègues auraient besoin de suivre mes bons conseils pour en avoir.

Eh bien, finalement, rien ne s'est passé comme je l'avais prévu. Porc-épic s'est surpassé! Quand je suis arrivée à la maison le jour de la Saint-Valentin, il avait fait toutes les courses et j'ai dû me cacher dans mon bureau pendant qu'il me cuisinait non pas un, mais deux desserts surprises! Plus tard, autre surprise, il me sert des huîtres, ce que j'a-do-re. Nous mangeons la fondue au fromage avec une excellente bouteille de vin. Premier dessert, crème brûlée à la lavande. Nous jasons, il me chasse de la cuisine pour compléter son deuxième dessert, une verrine avec du tapioca à la noix de coco et des petits fruits cuits dans plein de beurre, avec un crumble de noisettes et coco. Il avait cuisiné avec tous mes ingrédients préférés. Une petite attention vraiment charmante qui m'a beaucoup touchée. En plus, il m'a acheté un cadeau coquin. Je n'en revenais pas!

Mais...évidemment...avec toute cette bouffe et cet alcool, malgré son invitation et son enthousiasme visible sous la ceinture, je ne pouvais juste pas faire l'amour...j'étais sur le bord d'exploser.

J'ai quand même ri. Je pensais ne rien avoir sauf du sexe. J'ai tout eu sauf du sexe, parce que je n'en voulais pas, ce qui est chose très très rare.

J'ai eu une petite pensée pour mes collègues. Je sais qu'ils n'ont pas suivi mes conseils. Je n'ai pas su par contre s'ils ont quand même eu du bon sexe...mais d'après moi, à voir leur face le lundi matin, je ne penserais pas. Un est un peu trop prude pour que je lui pose la question carrément, l'autre était trop déprimé, ce qui me donnait la réponse dans le fond...Bref, Porc-épic c'est le meilleur, et mes piles d'amour sont gonflées à bloc! Comme quoi, ça ne sert pas à rien, la Saint-Valentin...

lundi 17 février 2014

Bilan lecture 2013

Envie de partager avec vous mes coups de coeur lecture de 2013, dans l'ordre chronologique, pas en ordre de préférence. J'ai cité plusieurs extraits de quelques-uns de ces livres dans ces pages.

Les truites à mains nues, Charles Bolduc

Très inégal, mais pour les quelques phrase absolument lumineuses, ce recueil de courts textes en vaut la peine. Extraits ici


Veuf, Jean-Louis Fournier

Un roman très court, récit d'un homme qui a perdu sa femme. C'est simple, mais très touchant. Extraits ici. 


Pavel, Matthieu Simard

Avec le nombre de passages que j'ai cités, je crois que vous avez compris que j'ai beaucoup aimé ce roman jeunesse! L'histoire est parfois un peu tirée par les cheveux, mais tout le secret réside dans le discours intérieur tellement intéressant du narrateur très très ado. Plein d'extraits ici


Le fantôme d'Anya, Vera Brosgol

BD hyper intéressante, d'ailleurs encensée par le génial Neil Gaiman. Une jeune fille pleine de problèmes devient amie avec une fille morte au fond d'un puits et tout ne fait que dégénérer par la suite. À lire! 


Javotte, Simon Boulerice

J'ai a-do-ré Javotte! Ce roman est une espèce d'antépisode de Cendrillon, mais campé dans le monde moderne. La narratrice est une des deux belles-soeurs et on comprend pourquoi elle est devenue aussi bitch. La plume de Boulerice a trempé dans le vitriol pour écrire ce roman et j'ai adoré! Quelques extraits à venir sous peu.


L'énigme du retour, Dany Laferrière

Ayoye. Une de mes meilleures lectures de la décennie, un livre qui m'a complètement transportée. De nombreux, voire très nombreux extraits à venir bientôt. Tout a été dit sur ce roman merveilleux. Ne vous reste plus qu'à le lire si ce n'est déjà fait. 

Les maux d'Ambroise Bukowski, Susin Nielsen

Roman jeunesse très touchant et drôle, qui raconte les déboires d'un jeune garçon hyper allergique aux arachides, victimes des stupides tortionnaires de son école, qui se fait retirer de l'école par sa mère surprotectrice et qui va finir par se lier d'amitié avec son voisin ex-détenu et participer secrètement à des tournois de scrabble.


Êtes-vous mariée à un psychopathe?, Nadine Bismuth

Recueil de nouvelles. J'aime Nadine Bismuth, avec son écriture simple, efficace, souvent pleine d'ironie.


Au lieu-dit Noir-Étang, Thomas Cook

Roman policier dont j'avais entendu parler dans une émission de télé. Moi qui n'affectionne pas particulièrement le genre, j'ai été séduite par l'atmosphère très particulière de ce roman dont l'intrigue se déroule près de Cape Cod en 1926. Une jolie jeune prof débarque dans la petite ville et chamboule tout. Quelques mois plus tard, des morts. Comment tout ça s'est-il déroulé? C'est plus une étude psychologique et une histoire d'amour qui tourne mal, vue par les yeux d'un élève de l'école, qu'un policier classique. Je crois que ce roman a gagné des prix d'ailleurs. Très bon.


Les morsures du passé, Lisa Gardner

Autre policier que j'ai lu l'été dernier, encore une fois proposé dans une émission de télé. C'est drôle, je ne me souviens plus de grand-chose de ce roman. Sauf qu'il m'était rentré dedans comme une claque en pleine face et que je l'avais trouvé terriblement efficace. 

Les bonnes personnes, Véronique Papineau

Un roman doux-amer que j'ai adoré! Un couple clandestin (elle était libre, lui non) se sépare et essaie de refaire sa vie, avec tout ce que ça comporte de difficultés. Ce qui est très intéressant c'est qu'on a le point de vue des deux principaux intéressés et qu'évidemment, la vision des choses n'est pas toujours la même. Le genre de livre dans lequel il ne se passe finalement pas grand-chose, à l'intrigue toute simple, mais qui est fascinant, tellement bien écrit et qui éclaire de façon très juste la réalité de l'expérience amoureuse. À lire absolument pour tous ceux qui s'intéressent ne serait-ce qu'un tantinet aux relations de couple.


À l'ombre de la grande maison, Geneviève Mativat

Roman jeunesse super bien documenté et captivant à la fois qui se passe sur une plantation de coton du sud des États-Unis en pleine Guerre de Sécession. La narratrice, une jeune esclave qui rêve d'une autre vie. Super intéressant!


Psycho boys, Michel J. Lévesque

Plaisir coupable dans la littérature jeunesse cette année. Il y a de bons Michel J. Lévesque, comme Arielle Queen, et il y en a d'atroces, comme Wendy Wagner. Dans tous les cas, c'est souvent cliché, mais souvent trèèèès efficace. Ici, on est dans la première catégorie, malgré la panoplie habituelle de clichés de toutes sortes. En partant, ses romans se passent toujours aux USA, avec un paquet de personnages tout droits sortis d'un film américain. Dans celui-ci, l'intrigue tourne autour de tout un groupe de jeunes d'environ 18 ans dont les mères ont pris un médicament révolutionnaire pour éviter les fausses couches mais qui a été rapidement retiré du marché quand on s'est rendu compte que les enfants nés après la prise de ce médicament étaient des psychopathes sans aucune empathie et à l'instinct de tueur. Ils sont aujourd'hui contrôlés, médicamentés et fichés par le FBI. Mais évidemment, pas tous...J'ai apprécié ce "page-turner" à l'intrigue tordue!


Jane, le renard et moi, Fanny Britt

Superbe album qui a gagné plein de prix et qui raconte essentiellement une histoire de rejet, d'intimidation, de solitude, d'amitié, d'acceptation de soi. Petit investissement de temps pour une histoire très touchante et magnifiquement illustrée.


Le cri, Martine Latulippe

Autre coup de coeur jeunesse de l'année. Une histoire d'intimidation, sujet à la mode, mais très bien écrite et d'autant plus intéressante que la narratrice appartient au groupe le plus vaste, celui qui gagnerait à être secoué un peu par ce récit tragique, soit celui des témoins silencieux. Le personnage central n'est ni le bourreau, ni la victime, mais celui qui ne dit rien et qui finira par s'en mordre les doigts. Poignant.


Un sombre projet (L'apprentissage de Victor Frankenstein, tome 1), Kenneth Oppel

Autre roman jeunesse que j'ai beaucoup apprécié de l'auteur canadien souvent primé Kenneth Oppel. Ce roman raconte aux ados l'histoire un peu modifiée du jeune Frankenstein avant qu'il devienne le docteur qu'on connait. De l'amour, de l'action, un peu de mystère, de morbide, c'est bien écrit, c'est sombre, c'est intrigant et ça donne envie de lire la suite! 





mercredi 12 février 2014

Porc-épic et la Saint-Valentin

Moi: Depuis quelques jours, j'arrête pas de donner des conseils aux gars autour de moi pour la Saint-Valentin, mais quelque chose me dit que moi, j'aurai rien de ce que je leur suggère.

Porc-épic, en riant : Non, sûrement pas.

Moi : Pis en plus, je leur dis qu'ils vont avoir du bon sexe grâce à ça. Mais toi, tu vas avoir du bon sexe anyway...

Porc-épic rit encore : C'est qui l'cave?

Je soupire...

lundi 10 février 2014

Toune du jour 122

Say something, A Great Big World et Christina Aguilera

Toune qu'on entend paaaaaaartout, qui est commerciale et formatée, mais qui marche selon moi. Et que j'aime.

dimanche 9 février 2014

Les filles et la Saint-Valentin

J'ai eu plusieurs discussions avec le prof d'éduc de mes élèves dernièrement, entre autres dans l'autobus scolaire qui nous a menés à Piedmont pour la glissade. D'abord, je le connais depuis plus de 20 ans, parce que nous avons fréquenté le même camp de jour et même été dans le même groupe quelques étés. Ensuite, le département d'accueil, nous sommes une petite famille tissée serrée. Et puis, j'essaie d'aller voir mes élèves dans leur cours d'éduc le plus souvent possible, au moins une fois ou deux par mois. Parce que j'ai du fun à être super nulle dans tous les sports, et parce que ça les fait rire et ça leur fait plaisir de voir les rôles se renverser et d'être enfin ceux qui peuvent m'apprendre beaucoup de choses pendant que je suis celle qui rushe et pédale fort. Bref, appelons-le Prof d'éduc, c'est simple et clair.

Prof d'éduc se plait souvent à dire que sa blonde et lui, ils ne sont pas romantiques. Que les mots doux, ils n'ont pas besoin de ça, que la Saint-Valentin, c'est une cochonnerie commerciale dont ils se crissent.

Chaque fois qu'il me parle de ça, je lui fais une face un peu sceptique. C'est que ce discours, j'en ai souvent parlé ici, je le connais et je sais qu'il est assez fragile et mince. Moi aussi, je me crisse de cette fête commerciale. Et en même temps, je ne m'en crisse pas tant que ça...et j'aime dooooonc ça quand Porc-épic la souligne par une gentille attention. C'est paradoxal, mais c'est de même.

Dans l'autobus, ô surprise, Prof d'éduc m'a dit qu'il a été surpris quand sa blonde, la semaine dernière, lui a dit qu'elle aimerait qu'il lui achète un coeur en chocolat à 1$ style pharmacie. Il était perplexe et se demandait juste quelle sorte de coeur exactement il était censé acheter au Jean Coutu, s'il y en a plusieurs, lequel elle veut, etc. Genre "j'y comprends rien mais je vais faire ce qu'elle me dit".

Mais non, crétin. Si, malgré votre pseudo discours, elle prend la peine de te réclamer ça sur un ton semi ironique, c'est parce qu'au fond, elle ne s'en crisse pas tant. Et qu'elle va être déçue si, vraiment, tu ne te pointes qu'avec un stupide coeur à 1$. Sans mots doux.

J'aurais dû lui dire tout ça, mais sur le coup, j'ai juste ri. Je pense que je vais devoir aller faire un tour au gymnase cette semaine. Une pauvre fille que je ne connais pas a besoin que je sauve sa Saint-Valentin.

samedi 8 février 2014

La vieille au coeur jeune

Hier, c'était la sortie glissades avec tous les élèves de l'accueil. J'étais tellement excitée que quand mes voisins du haut ont fait juste un peu de bruit à 5h45, je n'ai jamais réussi à refermer l'oeil.

En chemin, l'éducateur et moi avons jasé du fait que nous avions clairement 14 ans d'âge mental pour la journée, voire moins. Ce qui a été confirmé quand j'ai gambadé, couru, crié et glissé toute la journée, alors que de nombreux profs jasent et boivent du café dans le chalet. J'ai quand même eu beaucoup de plaisir avec les quelques braves qui ont glissé avec moi et qui m'ont même poussé à délaisser le remonte-pentes et à tout monter à pied pour glisser plus souvent!

Hier soir, j'étais claquée. J'ai pris un long bain chaud et j'ai essayé de rester réveillée le plus longtemps possible, mais j'ai dû abdiquer à 23h30.

Ce matin, réveillée à 6h55. Plus capable de dormir. Plus je vieillis, moins je dors le matin, et ça me fait royalement chier. Je me lève et je constate que j'ai quelques muscles endoloris. Que j'ai quelques bleus inexpliqués sur les jambes et les bras. Que même si dans ma tête, j'ai parfois 14 ans, mon corps me rappelle que j'en ai plutôt le double. Et qu'il faudrait que je le soigne un peu plus, même si c'est déjà beaucoup mieux qu'avant...


lundi 3 février 2014

Porc-épic et la chasse

Nous sommes à Washington, en route vers le restaurant, quelques heures après avoir visité le troublant et bouleversant musée de l'Holocauste. Nous passons près d'un jardin. Il y a un petit garçon d'environ trois ans qui court à moitié accroupi, un bâton dans les mains. 

Moi, m'extasiant : Aaaaah, check si y'est cuuuute! Peut-être qu'il est allé au musée d'histoire naturelle cet après-midi pis il s'imagine qu'il chasse le mammouth.

Porc-épic : Non, y'est allé au musée de l'Holocauste pis il s'imagine qu'il chasse le Juif.

Je ris en regardant le gamin, même si c'est une blague horrible. 

dimanche 2 février 2014

Encore Arvida

Avertissement : certaines lignes sont d'une cruauté sans nom, mais foutrement bien écrites.

***

"Dans l'auto, plusieurs fois son père se racla la gorge. Il fredonnait et se raclait la gorge encore. Tout le long du trajet, l'adolescente répéta dans sa tête "Parle pas parle pas s'il te plaît parle pas." On ne voyait que la silhouette des arbres et des poteaux de téléphone et des maisons et des garages et des granges et la nuit était une lumière noire incandescente qui illuminait les choses jusqu'à les effacer sous leur ombre et son oeuvre était complète sauf pour quelques ampoules nues allumées au-dessus des linteaux.

Elle savait ce qu'il aurait dit.

Il aurait dit :

- Le monde est un endroit dur pour les hommes pis peut-être pire pour les femmes pis c'est dur de mettre des enfants dedans pis peut-être encore pire d'y mettre des filles. On peut montrer aux garçons tout ce qu'on sait pis espérer qu'ils vont s'arranger avec ça exactement comme on a fait mais les filles sont des choses fragiles pis c'est tentant pour un père de jamais rien leur apprendre en souhaitant qu'il leur arrive jamais rien pis d'essayer de les protéger du monde au lieu de leur montrer comment vivre dedans.

Elle se répéta durant tout le trajet "Parle pas, papa", parce que s'il avait parlé elle aurait été obligée de lui dire qu'elle avait appris tout ça toute seule il y a bien longtemps et que son silence ne l'avait protégée de rien."

Arvida, "L'animal", p. 152-153

***

"Le catéchisme n'a pas de réponses toutes faites pour des questions comme ça. Elle a fait de son mieux. Elle a dit que Dieu avait toujours voulu pacifier le monde et que pour ça il avait dû se montrer longtemps très dur pour refouler tout le mal qui pullule dans le coeur des hommes. Dieu avait fait semblant d'être terrible avant d'envoyer son Fils nous révéler qu'il était amour. Pour notre bien. Un peu comme mes parents qui m'aimaient devaient me punir quand j'étais vilaine. C'était bien essayé mais j'étais déjà assez maline pour reconnaître une explication trop commode. J'ai gardé ça en tête longtemps et j'ai finalement compris des années après. À cause de toi. Ce n'était pas la première fois que tu venais à moi mais c'était la première fois que tu m'as dit que tu m'aimais. C'est là que j'ai compris. Dieu t'aimait comme moi. Il nous aimait tous les deux, il nous aimait étranges compagnons de lit toi gros bonhomme et moi enfant, il aimait tes mains sur moi et ton linge plein de sueur, il aimait mes pieds froids et mon nez glacé, il aimait tes tourments passés autant que les miens futurs. C'est là que j'ai compris, je te dis. Dieux est amour et c'est pour ça qu'il est terrible. On ne peut pas vivre en sachant ça. On peut juste saccager sa vie et saccager son corps et repousser les autres et blesser les autres. On peut juste être mal et j'ai été mal tout le temps et c'est de ta faute et de la faute du Dieu stupide qui t'a aimé comme il m'a aimée, du Dieu qui t'a aimé gros chien sale et qui m'a aimée petite fille abîmée. Aujourd'hui je suis bien."

Arvida, "Paris sous la pluie", p. 197

***

"Après il y avait eu Paul et toutes ces années où elle l'avait aimé à en avoir mal au coeur, à n'en pas dormir de la nuit. Elle travaillait à l'époque dans un quartier assez dur. En finissant vers deux heures du matin elle appelait Paul du bistro pour qu'il vienne à sa rencontre. Ils s'apercevaient de très loin l'hiver au milieu des tempêtes de neige et sur quelques centaines de mètres ils apparaissaient et disparaissaient au regard de l'autre dans de grands nuages de poudrerie qu'ils soulevaient eux-mêmes. Ils s'embrassaient et revenaient chez eux et sortaient le froid de leurs os en frottant les uns contre les autres leurs membres transis et en épousant de tout leur corps la chaleur et la peau de l'autre. Il fallait être très pauvres et désespérés pour s'aimer comme ça et il y avait quelque chose de rassurant à savoir qu'elle ne retournerait jamais là-bas. Les comptes se payaient facilement et les grandes douleurs adolescentes s'étaient taries en elle. Elle était pour toujours à l'abri de la tourmente mais elle en payait le prix. 

À ceux qui restent en dedans quand il fait mauvais dehors le grand amour est interdit."

Arvida, "Paris sous la pluie", p. 200

mercredi 29 janvier 2014

Toune du jour numéro 121

Fuck the stars, Dear criminals

Version très dépouillée d'une toune que j'adore d'un band tout jeune que j'adore!


dimanche 26 janvier 2014

Début de ménage de bibliothèque : Arvida

Les livres s'empilent sur les tablettes de ma bibliothèque et les post-it s'accumulent sans que je prenne le temps de noter ces petites perles ici.

Je commence une tentative de rattrapage. Premier sur le dessus de la pile, Arvida de Samuel Archibald, un recueil de nouvelles que j'ai apprécié même si je l'ai trouvé inégal. Certains récits sont très savoureux et certains passages ont laissé une trace dans mon petit coeur de lectrice. J'en partage quelques-uns avec vous.

***

"On avait finalement compris. Au milieu de toute cette abondance, de ces lasagnes, de ces rôtis et de ces plats en sauce au tiers entamés, mon père se jouait depuis dix ans une grande comédie de la misère, avec lui dans le rôle du père se sacrifiant pour les siens. Une comédie de l'abnégation dans la cantine d'un régiment. 

Quand j'y pense maintenant, la comédie s'assombrit. Quelque chose de tragique se dessine en elle à mesure que je vieillis. Il y a là-dedans la trace d'une nostalgie amère inscrite au coeur des choses. Il y a là-dedans l'idée de vouloir faire quelque chose de grand pour des gens qui ne demandent rien et qui n'ont besoin de rien; l'idée d'un sacrifice réduit à un simulacre ridicule et secret; l'idée que l'objet du désir n'a jamais rien à voir avec le désir lui-même; l'idée que la satisfaction du désir ne le comble pas plus qu'il ne le fait disparaître, qu'au milieu de toutes les choses voulues le désir demeure en nous et se dessèche en remords et en regrets."

Arvida, "Mon père et Proust", p. 18

Évidemment, c'est ce dernier bout qui m'allume et me tue tout à la fois. 

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"L'Amérique est une mauvaise idée qui a fait du chemin. C'est ce que j'ai toujours pensé et ce n'est même pas une image.

J'aurais dû dire: l'Amérique est une mauvaise idée qui a fait beaucoup de chemins. Une idée qui a produit des routes interminables qui ne mènent nulle part, des routes coulées en asphalte ou tapées sur la terre, dessinées avec du gravier et du sable, et tu peux rouler dessus pendant des heures pour trouver à l'autre bout à peu près rien, un tas de bois, de tôle et de briques, et un vieux bonhomme planté debout en travers du chemin qui te demande : 

- Veux-tu bin me dire qu'est-ce que tu viens faire par icitte?"

Arvida, "Antigonish", p. 25

Description drôle et assez juste qui illustre pourquoi l'Amérique me fascine et m'attire, pourquoi j'éprouve tant de plaisir à sillonner ses routes que je voudrais explorer jusqu'à épuiser le dernier baril de pétrole de la planète. 

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"Un jour qu'on était rendus vraiment loin dans le Nord, je lui avais demandé comment s'appelait le lac devant lequel on venait de s'arrêter pour le lunch. Il avait haussé les épaules. 

- Tu sais pas?

- Non, c'est pas ça. Ton lac, il a pas de nom.

- Comment ça, il a pas de nom?

- Personne vient jamais par ici.

Les Indiens ne s'éloignaient pas sans raison des sentiers de portage millénaires et des voies navigables, et ils n'éprouvaient aucun besoin de donner des noms aux lieux qu'ils ne visitaient jamais. C'était une manie d'Européens d'aller partout et c'était devenu une manie d'Américains de construire des routes pour aller nulle part. Ces routes-là, Menaud et moi, on en a fait au moins la moitié. On ne pouvait pas les compter dans ce temps-là, on ne pouvait pas savoir où elles mèneraient. 

L'Amérique était une sorte de grande carte en asphalte tracée à même les terres, un continent à redécouvrir. Ils peuvent sûrement les étiqueter, aujourd'hui, les routes, les cartographier et les suivre du doigt avec leurs GPS. Mon gendre s'est même acheté une auto qui parle. Elle lui dit à tout bout de champ qu'il s'est trompé de chemin et je veux bien être pendu si je laisse un jour une machine me parler sur ce ton-là."

Arvida, "Antigonish", p. 34-35


samedi 25 janvier 2014

Une dernière tranche de Pavel

"Il y a toutes sortes de tragédies.

La pile de mon iPod qui rend l'âme pendant le voyage le plus ennuyant de l'histoire. Ma mère qui débarque dans ma chambre quand je suis en train de me masturber. Le prof de français qui lit à toute la classe le poème d'amour que j'ai écrit à Anouk. Une tache de jus de raisin sur mon pantalon gris pâle le jour d'un exposé oral.

Jusqu'à aujourd'hui, c'était ça, la fin du monde. Un peu de honte, un peu d'ennui.

J'avais la fin du monde plate.

Ça vient de changer".

Pavel T13, La fin du monde, Matthieu Simard, p.7

vendredi 24 janvier 2014

Censure (mais pas tant que ça finalement)

J'y reviens, encore.

Si on me demandait de me qualifier, dans les cinq premiers mots, je choisirais certainement gourmande. J'aime manger, j'aime boire, j'aime les plaisirs de la chair. Ça explique en bonne partie certains trous béants dans mon portefeuille et la rondeur de mes courbes. Cette gourmandise déborde de la sphère culinaire et glisse jusque dans mon lit. Pour moi, le sexe est aussi vital que l'air, l'eau, le sommeil. J'ai parfois faim de Porc-épic beaucoup plus que j'ai faim de nourriture, ce qui, d'ailleurs, est drôlement bon pour la ligne. Je pense avoir une énergie sexuelle assez forte et pour moi, peu de choses sont taboues. Je parle de sexe sans gêne, avec toutes sortes de gens. Ça déstabilise souvent, et amuse encore plus souvent je pense.

Au cégep, alors que j'écrivais beaucoup plus que maintenant, c'était presque devenu une blague. Mes textes parlaient presque tous de sexe, d'une façon ou d'une autre. Ah pas que de ça quand même, mais une histoire sans peau, ça n'existait pas pour moi. Parce qu'au-delà du plaisir physique intense, une relation sexuelle est tellement riche, tellement remplie d'amour, de pouvoir, de doute, de questions muettes, de réponses bruyantes, de secrets, de partages, de vulnérabilité, de mensonges, de conflits, de douleur, de douceur, de désespoir, d'extase, de communion. Le sexe est comme une loupe géante braquée sur tout ce qui fait que la vie est si surprenante et passionnante.

Bref, je divague totalement, mais ce que j'essaie de dire bien maladroitement, c'est que comme souvent, mais peut-être un peu plus que d'habitude pour toutes sortes de raisons dont ma mini-crise de la trentaine, mes pulsions m'habitent et m'inspirent des mots.

Des mots que je me dois parfois de coucher sur un écran (le papier....pfffff...ben trop long...), mais pas ici.

Parce que je sais que toi, toi et toi, oui toi, me lisez.

Et j'aime ça, souvent. Mais, inévitablement, je me censure. Même si ça ne parait pas trop dans ce billet, je me censure quand même, et c'est bien normal, et c'est bien sain.

Certaines parties de moi ne sont que pour Porc-épic.

Et d'autres ne sont que pour moi.

jeudi 23 janvier 2014

Un début d'année...intense!

Comme d'habitude, le temps des fêtes a été marqué par beaucoup trop de fêtes et de bouffe et de gras et de sucre et un peu d'alcool même si j'ai été plutôt sage de ce côté.

Puis, le retour à la réalité et au travail a été marqué par un coup de 2 par 4 en pleine face quand Porc-épic m'a appelée, alors que j'avais mes bottes dans les pieds et me préparais à aller au travail, pour me dire qu'il venait d'être mis à pied. Comme ça. En rentrant des vacances. Sans raison, sans explication.

Je me suis effondrée comme un bol de Jell-O trop mou. J'avais commencé à stresser pendant les vacances par rapport au retour imminent de Porc-épic aux études en septembre, rêvant même que je devais me résoudre à retourner au Tim Hortons la fin de semaine pour boucler notre budget. J'avais à peine dormi la veille, un peu bouleversée pour toutes sortes de raisons et très certainement décalée par ces deux semaines à me coucher aux petites heures du matin. Alors le manque de sommeil ont fait que cette nouvelle m'a complètement anéantie.

Mais comme je devais parler devant les 200 membres du personnel de l'école environ 30 minutes plus tard, j'ai séché mes larmes, remis mes bottes et sauté dans mon char. La route était glacée et le stationnement de l'école, une patinoire sans aucune trace de sel. Alors, juste pour ajouter à cette journée de marde, en voulant me stationner, l'auto n'a pas suivi et je me suis retrouvée à faire une jolie poque sur une voiture neuve.

Je suis entrée dans l'école et ai expliqué un peu à mes collègues ce qui expliquait mes yeux rouges et ma face défaite. J'ai parlé devant tout le monde. Avec éloquence, à ce qu'il parait. Moi je n'en ai aucune idée, j'étais comme déconnectée...puis j'ai dit à mon patron ce qui s'était passé et il m'a gentiment suggéré de rentrer chez moi, ce que j'ai fait. J'ai braillé tout l'après-midi. Puis j'ai redressé  mes épaules.

Depuis, oui, je suis stressée financièrement, mais Porc-épic est soulagé, et plus heureux. Alors moi aussi.

Peut-être que s'il ne s'était pas fait sacrer dehors, c'est moi qui l'aurais mis à la porte, tannée de son air bête. Alors tout est bien qui finit bien, dans un sens...et je suis relativement fière de ma zenitude surprenante.