dimanche 19 octobre 2014

Qui de nous deux?

Extraits d'un récit très touchant de Gilles Archambault, journal écrit après la mort de sa femme qui parle d'amour, de deuil, de solitude.

"Tout couple connaît un jour ou l'autre des moments difficiles. Je ne suis en rien psychologue, qu'on n'attende pas de moi des conseils sur la réussite de la vie conjugale. Bien sûr, il y a eu des moments où je me suis mal comporté, d'autres où je me suis interrogé sur la pertinence d'une intimité partagée. Vers la mi-trentaine, je me sentais parfois un peu confiné. J'avais besoin d'air, j'étais en manque de douceur. Quand on connaît l'amour, on n'est jamais repu. On voudrait que l'autre répète à l'infini des gestes qui nous ont paru importants. On en vient à chercher sottement ce que l'inédit seul peut apporter. Maintenant que la mort de Lise m'a rendu à ma solitude première, ne serais-je pas prêt à toutes les capitulations pour la voir à mes côtés pendant quelque temps encore? Je n'exigerais pas le retour des moments d'exultation. Nous n'en aurions pas le goût. Je me contenterais de cette vie quotidienne sans surprises, m'efforçant de trouver rassurants les gestes routiniers qui jadis me lassaient."

Qui de nous deux?, Gilles Archambault, p. 34-35

***

""Au moins, vous avez beaucoup voyagé", me dit-on parfois. Je ne le nie pas, mais d'avoir connu ce qui ressemble au bonheur ne vous console pas de l'avoir perdu."

p. 57

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"Lise m'a laissé dans un état lamentable. Je ne peux le nier, j'ai honte d'être encore de ce monde pendant qu'elle n'y est plus. Après tout, c'est elle qui m'a empêché de désespérer, Avec elle, j'oubliais parfois pendant quelques jours que la vie est absurde. "Quelle couillonnade", aurait dit Valéry sur son lit de mort. Je ne suis pas tout à fait d'accord : la vie peut être supportable si on a quelqu'un qui partage son désarroi. Je sais bien que mes enfants, que quelques amis sont là, mais il me manquera toujours cette femme qui m'a éveillé à la seule sérénité dont j'ai été capable."

p.80-81

vendredi 17 octobre 2014

Porc-épic et la chambre à coucher

Froide soirée l'hiver dernier. Il fait environ 30 degrés sous zéro. Nous sommes blottis dans le salon après un énième souper BBQ, parce que oui, Porc-épic a fait du BBQ presque tous les week-ends l'hiver dernier, froid pas froid. Après un échange de gestes et de regards dans le salon, Porc-épic tire sur mes bras et m'entraîne vers la chambre pour faire l'amour. 

Je proteste.

Moi : Pourquoi faut absolument qu'on vienne dans la chambre comme des vrais grands-parents? 

Porc-épic : Ben là, chu trop petit pour te fourrer sur le comptoir, chu pas assez fort pour te fourrer contre le mur, je veux pas fourrer sur le divan neuf, dans la douche c'est poche, faque quessé tu veux que je fasse...veux-tu aller fourrer accotés sur le barbecue? Tu vas trouver ça un peu frette dehors. 

Je ris. 

lundi 13 octobre 2014

L'automne et les amoureux

Pour le long week-end, j'avais envie de sortir de la ville, de profiter du froid, des couleurs de l'automne. J'avais évidemment envie de retourner voir ma Gaspésie chérie. Mais j'avais aussi très envie de me blottir contre Porc-épic. Autant j'étais tannée de le voir traîner dans la maison l'hiver passé, autant la différence est presque brutale cet automne et parfois, je m'ennuie un peu de lui avec l'école et le travail, quand travail il y a. Et Porc-épic, lui, n'avait pas envie d'aller en Gaspésie finalement, pour toutes sortes de raisons, principalement financières.

J'étais donc déchirée...la Gaspésie ou Porc-épic? Finalement, mon coeur d'amoureuse a tranché et j'ai décidé de rester avec Porc-épic, mais lui ai dit que si je restais, ce n'était pas pour passer toute la fin de semaine à me morfondre à la maison.

J'ai donc pris congé vendredi et nous sommes partis camper au parc du mont Mégantic. Ça faisait vraiment longtemps que je n'avais pas campé quand il fait autour de zéro. Nous avons passé une super soirée à jaser autour du feu, à regarder les étoiles, à manger un steak malade sur le feu et de délicieuses guimauves grillées, à grelotter un peu et à se lever périodiquement pour se réchauffer les fesses face au feu. Après, sous la tente, le froid et la bonne humeur étaient plus que propices à trouver des activités susceptibles de réchauffer très très rapidement et efficacement l'intérieur de nos sacs de couchage. Le lendemain, tout ça m'a donné plein d'énergie pour grimper une montagne, savourant l'air frais et admirant la beauté des forêts mixtes en octobre.

Pour le reste de la fin de semaine, poutine, cheesecake, cinéma, emplettes sur Saint-Denis au gros soleil, bref, une super fin de semaine qui m'a même fait oublier que j'aurais pu être devant mon fleuve adoré, ce qui n'est pas peu dire.

L'automne est vraiment la saison des amoureux je trouve. Et définitivement ma saison préférée.

dimanche 12 octobre 2014

L'énigme du retour, pour la dernière fois

"Le demi-siècle est une frontière difficile
à franchir dans un pareil pays.
Ils vont si vite vers la mort
qu'on ne devrait pas parler d'espérance de vie
mais plutôt d'espérance de mort."

p. 213

***

"Pour chaque bras qui pointe
un revolver sur vous
il y a une main qui vous offre un fruit.
Toute parole méprisante de l'un
est effacée par le sourire de l'autre.
On reste incapable de bouger
entre ces deux pôles."

p. 218

***

"Pas trop sûr d'être
dans un temps réel
en m'avançant vers
ce paysage longtemps rêvé.
Trop de bouquins lus.
Trop de peintures vues.
Regarder un jour les choses
dans leur beauté nue.

Toujours trop d'espoir devant soi. 
Et trop de déceptions derrière soi.
La vie est ce long ruban
qui se déroule sans temps morts
et dans un mouvement souple
qui alterne entre espoir et déception."

p. 284

lundi 6 octobre 2014

La prof à la sucette

Je me lève ce matin, grosse sucette surprise dans le cou, probable conséquence d'embrassades un peu trop intenses de Porc-épic hier soir et de mon épiderme trop sensible. Je mets des boucles d'oreille un peu plus longues et me demande si quelqu'un va m'en parler au travail...

Première période de la journée, je suis avec le groupe de 16-18 ans, penchée sur un bureau en train de parler à un élève. Je commence à donner une explication à toute la classe et relève ma tête tranquillement tout en parlant pour regarder mon auditoire. Mes yeux croisent ceux du clown de la classe, qui me lance des regards moqueurs en se grattant le cou et en hochant la tête du genre "wow madame, good job!". J'ai complètement perdu le fil de ma pensée, me suis interrompue en plein milieu de ma phrase et suis partie à rire. Évidemment, je pouvais compter sur lui pour ne pas laisser ma sucette passer inaperçue. Mais ce qu'il y a de bien avec les clowns brillants dans son genre, c'est qu'une bonne rigolade complice suffit, ils n'ont pas besoin de faire le show pour tout le monde.

dimanche 5 octobre 2014

Porc-épic le gars d'boules

Porc-épic et moi sommes au coeur d'une engueulade de type nucléaire. Je lui lance la remarque suivante. 

Moi, en haussant le ton : Ben ouais, je suis de même, quesse tu veux! J'ai jamais dit que je voudrais sortir avec moi-même.

Porc-épic rit. 

Porc-épic : Je peux-tu la ressortir celle-là pis te la répéter une autre fois?

Moi, en boudant : Non, t'avais rien qu'à y penser avant.

Porc-épic : Moi j'ai déjà pensé sortir avec moi-même, mais j'aime pas assez les pénis. Quesse tu veux, ch't'un gars d'boules. 


samedi 4 octobre 2014

Toune du jour numéro 125

My favourite faded fantasy, Damien Rice

Ce n'est même pas une toune, mais un teaser pour le grand retour de Damien Rice! Pour mes oreilles, c'est quand même 1m47 de pur bonheur que j'ai écouté des dizaines de fois depuis sa publication.