dimanche 16 mars 2014

L'énigme du retour (premier post d'une longue série)

J'ai tellement aimé ce roman qu'il y a presque autant de post-it que de pages en ce moment...Attendez-vous donc à une longue série de citations de ce roman fabuleux.

"On peut bâtir sa maisonnette
sur le flanc d'une montagne.
Peindre les fenêtres en bleu nostalgie.
Et planter tout autour des lauriers roses.
Puis s'asseoir au crépuscule pour voir
le soleil descendre si lentement dans le golfe.
On peut bien faire cela dans chacun de nos rêves
on ne retrouvera jamais la saveur
de ces après-midis d'enfance passés pourtant
à regarder tomber la pluie."

L'énigme du retour, Dany Laferrière, p. 22


***

"Il y a autant de mystère à s'approcher 
d'un être qu'à s'en éloigner.
Entre ces deux moments
se déploient l'étouffante vie quotidienne
et son cortège de petits secrets."

p. 25

***

"Pour les trois quarts des gens de cette planète
il n'y a qu'une forme de voyage possible
c'est de se retrouver sans papiers
dans un pays dont on ignore 
la langue et les moeurs.

On se trompe à les accuser
de vouloir changer
la vie des autres
quand ils n'ont
aucune prise
sur leur propre vie.

Si on veut vraiment partir il faut oublier
l'idée même de la valise.
Les choses ne nous appartiennent pas. 
On les a accumulées par simple souci de confort. 
C'est ce confort qu'il faut questionner
avant de franchir la porte. 
On doit comprendre que le minimum de confort
qu'il faut pour vivre ici en hiver
est une situation rêvée là-bas."

p. 42

***

"Dès que j'arrivais dans un nouvel appartement
je disposais mes bouquins sur la table.
Tous déjà lus et relus.
Je n'achetais un livre que
si l'envie de lire était plus forte
que la faim qui me tenaillait.

C'est encore le cas de beaucoup de gens.
Quand notre condition change
on pense qu'il en est de même
pour tout le monde. 
J'en connais qui doivent choisir
constamment entre manger et lire. 

Je consomme autant de viande ici 
en un hiver
qu'un pauvre en mange en Haïti
durant toute une vie.
Je suis passé en si peu de temps
de végétarien forcé à carnivore obligé. 

Dans ma vie d'avant, la nourriture
était la préoccupation quotidienne. 
Tout tournait autour du ventre.
Dès qu'on avait de quoi manger tout était réglé.
C'est une chose impossible à comprendre
pour ceux qui ne l'ont pas vécue."

p. 44-45

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