samedi 17 mai 2014

Charlotte before Christ

Petite pause de L'énigme du retour pour citer Charlotte before Christ, parce que je l'ai emprunté à la biblio et ne pourrai pas laisser mes post-its dormir dedans indéfiniment! Ça faisait longtemps que je voulais lire ce roman qui avait piqué ma curiosité à l'époque de sa sortie il y a deux ans. C'est un roman un peu spécial, une drôle de bibitte, un objet culturel tellement ancré dans la culture de son époque, et dans une culture parfois assez éphémère que j'ai trouvé qu'il commençait déjà à mal vieillir. Je ne sais pas s'il passera bien le test du temps, si les lecteurs comprendront les référents dans 10 ans. Il a aussi une fin assez particulière, voire absurde et un peu dérangeante, pas tellement dans le ton du reste je trouve. Et, quand on y pense, il ne se passe pas grand-chose dans ce roman.

Je l'ai quand même lu avec un certain intérêt et j'ai apprécié le ton particulier du narrateur. Et évidemment, le fait que ce soit avant tout le récit morcelé d'une histoire d'amour tout croche mais viscérale m'a beaucoup plu. Quelques extraits pour vous donner envie, ou pas, de le lire.

"Tout le monde me regarde lorsque Charlotte est à mes côtés dans la rue. Mon amoureuse a cette manière de bouger qui anesthésie la raison. Évidemment, c'est une danseuse, mais elle a aussi une vibe animale inexplicable. Ça rend fou. Sa peau est comme une pièce d'ivoire sablée pendant mille ans. Personne ne résiste à ça. Lorsqu'elle est avec moi, je suis high. Même l'homme le plus fort du monde n'arriverait pas à tordre tout le jus de coeur qui photosynthèse pour elle dans mon corps. Le jour où elle devra partir et me laisser seul, ce qui va arriver, j'offrirai au ciel de me faire crucifier à l'unique condition de pouvoir l'embrasser une dernière fois. Je dessine déjà la situation dans ma tête."

Charlotte before Christ, Alexandre Soublière, p.46-47

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" - Fourre-moi, Sacha. Maintenant. Tout de suite. Je veux ta queue dans moi, elle ordonne.

À vos ordres, Sa Majesté. L'entendre parler comme ça, c'est indescriptible. Je ne sais pas quoi en penser. C'est meilleur que toucher, regarder, goûter. Je ne voudrais jamais devenir sourd. Je pourrais arrêter de rire pour toujours, mais je voudrais encore entendre les explications de tes larmes, Charlotte."

p. 80

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" - Trouves-tu qu'on en parle trop?
- De Charlotte? Paul demande. 
- Ben, de Charlotte, de nous, de tout? Penses-tu qu'on est en train de défaire le fun de la vie en la déconstruisant toujours comme ça? Dans nos mots?
- Ben non! C'est le contraire! Il y aurait aucun fun à la vie si on pouvait pas se la raconter par après. "

p. 129

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"N'importe quel bec aux larmes est mille fois meilleur que n'importe quel bec à la menthe."

p.144

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"J'ai appris dernièrement que le mot nostalgie vient du grec. On se crisse pas mal de l'étymologie, je te l'accorde, mais quand même. C'est intéressant parce que ça veut dire littéralement la douleur d'une vieille blessure. Ce n'est pas juste la mémoire. C'est la ficelle transparente des souvenirs qui mène directement à la maison. À ma maison. À notre maison. À un endroit et à un temps où je sais maintenant, avec certitude, que quelqu'un m'aimait. Quelqu'un s'occupait de moi. C'est le bout de laine enroulé à nos coeurs depuis tellement longtemps qu'il a cicatrisé dans le muscle. Love is watching someone die? Peut-être. Je m'ennuie de toi. Je m'ennuie de nos guerres. De notre première soirée. Du britpop. Pas le britpop de fillettes comme Coldplay ou Muse. Je m'ennuie de Supergrass, de Kasabian, des Verve. Je ne sais pas...Je suis découragé. O.K., je pourrais me trouver une autre fille, une autre vie, tu vas aimer encore, blablabla. Ça ne marchera jamais. Je m'ennuie d'avoir dix-neuf ans avec toi à mes côtés. Ça, c'est irremplaçable. C'est fini, Charlotte.Tout ce que je fais maintenant, je le fais pour la deuxième, troisième, centième fois. C'est pointless."

p. 189-190

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"Les lèvres sèches de Charlotte touchent les miennes. Mon coeur bat. Ou s'arrête de battre. 

- C'est peut-être une mauvaise idée, ce qu'on vient de faire, je lance.

- Bah...C'est quoi, la vie? À part une série de mauvaises idées? Charlotte répond."

p. 208



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