mardi 15 avril 2014

L'énigme du retour, encore

"J'imagine que tout s'est passé en douceur. Une chaîne ininterrompue de concessions nous a conduits à ce nouveau mode de vie. Ce n'est pas différent avec les individus. La foule nous absorbe un à un. Aujourd'hui à cinquante-six ans, je réponds non à tout. Il m'a fallu plus d'un demi-siècle pour retrouver cette force de caractère que j'avais au début. La force du non. Faut s'entêter. Se tenir debout derrière son refus. Presque rien qui mérite un oui. Trois ou quatre choses au cours d'une vie. Sinon il faut répondre non sans aucune hésitation." p.56

***

"Des centaines de tableaux recouverts de poussière accrochés sur les murs, le long de la rue. On les croirait peints par un seul et même artiste. La peinture est aussi populaire dans ce quartier que le football. Les mêmes paysages luxuriants reviennent pour dire que l'artiste ne peint pas le pays réel mais bien le pays rêvé. 

J'ai demandé à ce peintre aux pieds nus
pourquoi il peint toujours ces arbres croulant
sous les fruits lourds et juteux
alors que tout est désolation autour de lui.
Justement, me fait-il avec un triste sourire, 
qui veut accrocher dans son salon
ce qu'il peut voir par la fenêtre?" p. 86

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"Être sur une île déboisée
en sachant qu'on ne verra
jamais ce qui se passe
de l'autre côté de la mer.
Pour la majorité des gens d'ici
l'au-delà est le seul pays
qu'ils espèrent visiter un jour." p.91


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