mercredi 29 janvier 2014

Toune du jour numéro 121

Fuck the stars, Dear criminals

Version très dépouillée d'une toune que j'adore d'un band tout jeune que j'adore!


dimanche 26 janvier 2014

Début de ménage de bibliothèque : Arvida

Les livres s'empilent sur les tablettes de ma bibliothèque et les post-it s'accumulent sans que je prenne le temps de noter ces petites perles ici.

Je commence une tentative de rattrapage. Premier sur le dessus de la pile, Arvida de Samuel Archibald, un recueil de nouvelles que j'ai apprécié même si je l'ai trouvé inégal. Certains récits sont très savoureux et certains passages ont laissé une trace dans mon petit coeur de lectrice. J'en partage quelques-uns avec vous.

***

"On avait finalement compris. Au milieu de toute cette abondance, de ces lasagnes, de ces rôtis et de ces plats en sauce au tiers entamés, mon père se jouait depuis dix ans une grande comédie de la misère, avec lui dans le rôle du père se sacrifiant pour les siens. Une comédie de l'abnégation dans la cantine d'un régiment. 

Quand j'y pense maintenant, la comédie s'assombrit. Quelque chose de tragique se dessine en elle à mesure que je vieillis. Il y a là-dedans la trace d'une nostalgie amère inscrite au coeur des choses. Il y a là-dedans l'idée de vouloir faire quelque chose de grand pour des gens qui ne demandent rien et qui n'ont besoin de rien; l'idée d'un sacrifice réduit à un simulacre ridicule et secret; l'idée que l'objet du désir n'a jamais rien à voir avec le désir lui-même; l'idée que la satisfaction du désir ne le comble pas plus qu'il ne le fait disparaître, qu'au milieu de toutes les choses voulues le désir demeure en nous et se dessèche en remords et en regrets."

Arvida, "Mon père et Proust", p. 18

Évidemment, c'est ce dernier bout qui m'allume et me tue tout à la fois. 

***

"L'Amérique est une mauvaise idée qui a fait du chemin. C'est ce que j'ai toujours pensé et ce n'est même pas une image.

J'aurais dû dire: l'Amérique est une mauvaise idée qui a fait beaucoup de chemins. Une idée qui a produit des routes interminables qui ne mènent nulle part, des routes coulées en asphalte ou tapées sur la terre, dessinées avec du gravier et du sable, et tu peux rouler dessus pendant des heures pour trouver à l'autre bout à peu près rien, un tas de bois, de tôle et de briques, et un vieux bonhomme planté debout en travers du chemin qui te demande : 

- Veux-tu bin me dire qu'est-ce que tu viens faire par icitte?"

Arvida, "Antigonish", p. 25

Description drôle et assez juste qui illustre pourquoi l'Amérique me fascine et m'attire, pourquoi j'éprouve tant de plaisir à sillonner ses routes que je voudrais explorer jusqu'à épuiser le dernier baril de pétrole de la planète. 

***

"Un jour qu'on était rendus vraiment loin dans le Nord, je lui avais demandé comment s'appelait le lac devant lequel on venait de s'arrêter pour le lunch. Il avait haussé les épaules. 

- Tu sais pas?

- Non, c'est pas ça. Ton lac, il a pas de nom.

- Comment ça, il a pas de nom?

- Personne vient jamais par ici.

Les Indiens ne s'éloignaient pas sans raison des sentiers de portage millénaires et des voies navigables, et ils n'éprouvaient aucun besoin de donner des noms aux lieux qu'ils ne visitaient jamais. C'était une manie d'Européens d'aller partout et c'était devenu une manie d'Américains de construire des routes pour aller nulle part. Ces routes-là, Menaud et moi, on en a fait au moins la moitié. On ne pouvait pas les compter dans ce temps-là, on ne pouvait pas savoir où elles mèneraient. 

L'Amérique était une sorte de grande carte en asphalte tracée à même les terres, un continent à redécouvrir. Ils peuvent sûrement les étiqueter, aujourd'hui, les routes, les cartographier et les suivre du doigt avec leurs GPS. Mon gendre s'est même acheté une auto qui parle. Elle lui dit à tout bout de champ qu'il s'est trompé de chemin et je veux bien être pendu si je laisse un jour une machine me parler sur ce ton-là."

Arvida, "Antigonish", p. 34-35


samedi 25 janvier 2014

Une dernière tranche de Pavel

"Il y a toutes sortes de tragédies.

La pile de mon iPod qui rend l'âme pendant le voyage le plus ennuyant de l'histoire. Ma mère qui débarque dans ma chambre quand je suis en train de me masturber. Le prof de français qui lit à toute la classe le poème d'amour que j'ai écrit à Anouk. Une tache de jus de raisin sur mon pantalon gris pâle le jour d'un exposé oral.

Jusqu'à aujourd'hui, c'était ça, la fin du monde. Un peu de honte, un peu d'ennui.

J'avais la fin du monde plate.

Ça vient de changer".

Pavel T13, La fin du monde, Matthieu Simard, p.7

vendredi 24 janvier 2014

Censure (mais pas tant que ça finalement)

J'y reviens, encore.

Si on me demandait de me qualifier, dans les cinq premiers mots, je choisirais certainement gourmande. J'aime manger, j'aime boire, j'aime les plaisirs de la chair. Ça explique en bonne partie certains trous béants dans mon portefeuille et la rondeur de mes courbes. Cette gourmandise déborde de la sphère culinaire et glisse jusque dans mon lit. Pour moi, le sexe est aussi vital que l'air, l'eau, le sommeil. J'ai parfois faim de Porc-épic beaucoup plus que j'ai faim de nourriture, ce qui, d'ailleurs, est drôlement bon pour la ligne. Je pense avoir une énergie sexuelle assez forte et pour moi, peu de choses sont taboues. Je parle de sexe sans gêne, avec toutes sortes de gens. Ça déstabilise souvent, et amuse encore plus souvent je pense.

Au cégep, alors que j'écrivais beaucoup plus que maintenant, c'était presque devenu une blague. Mes textes parlaient presque tous de sexe, d'une façon ou d'une autre. Ah pas que de ça quand même, mais une histoire sans peau, ça n'existait pas pour moi. Parce qu'au-delà du plaisir physique intense, une relation sexuelle est tellement riche, tellement remplie d'amour, de pouvoir, de doute, de questions muettes, de réponses bruyantes, de secrets, de partages, de vulnérabilité, de mensonges, de conflits, de douleur, de douceur, de désespoir, d'extase, de communion. Le sexe est comme une loupe géante braquée sur tout ce qui fait que la vie est si surprenante et passionnante.

Bref, je divague totalement, mais ce que j'essaie de dire bien maladroitement, c'est que comme souvent, mais peut-être un peu plus que d'habitude pour toutes sortes de raisons dont ma mini-crise de la trentaine, mes pulsions m'habitent et m'inspirent des mots.

Des mots que je me dois parfois de coucher sur un écran (le papier....pfffff...ben trop long...), mais pas ici.

Parce que je sais que toi, toi et toi, oui toi, me lisez.

Et j'aime ça, souvent. Mais, inévitablement, je me censure. Même si ça ne parait pas trop dans ce billet, je me censure quand même, et c'est bien normal, et c'est bien sain.

Certaines parties de moi ne sont que pour Porc-épic.

Et d'autres ne sont que pour moi.

jeudi 23 janvier 2014

Un début d'année...intense!

Comme d'habitude, le temps des fêtes a été marqué par beaucoup trop de fêtes et de bouffe et de gras et de sucre et un peu d'alcool même si j'ai été plutôt sage de ce côté.

Puis, le retour à la réalité et au travail a été marqué par un coup de 2 par 4 en pleine face quand Porc-épic m'a appelée, alors que j'avais mes bottes dans les pieds et me préparais à aller au travail, pour me dire qu'il venait d'être mis à pied. Comme ça. En rentrant des vacances. Sans raison, sans explication.

Je me suis effondrée comme un bol de Jell-O trop mou. J'avais commencé à stresser pendant les vacances par rapport au retour imminent de Porc-épic aux études en septembre, rêvant même que je devais me résoudre à retourner au Tim Hortons la fin de semaine pour boucler notre budget. J'avais à peine dormi la veille, un peu bouleversée pour toutes sortes de raisons et très certainement décalée par ces deux semaines à me coucher aux petites heures du matin. Alors le manque de sommeil ont fait que cette nouvelle m'a complètement anéantie.

Mais comme je devais parler devant les 200 membres du personnel de l'école environ 30 minutes plus tard, j'ai séché mes larmes, remis mes bottes et sauté dans mon char. La route était glacée et le stationnement de l'école, une patinoire sans aucune trace de sel. Alors, juste pour ajouter à cette journée de marde, en voulant me stationner, l'auto n'a pas suivi et je me suis retrouvée à faire une jolie poque sur une voiture neuve.

Je suis entrée dans l'école et ai expliqué un peu à mes collègues ce qui expliquait mes yeux rouges et ma face défaite. J'ai parlé devant tout le monde. Avec éloquence, à ce qu'il parait. Moi je n'en ai aucune idée, j'étais comme déconnectée...puis j'ai dit à mon patron ce qui s'était passé et il m'a gentiment suggéré de rentrer chez moi, ce que j'ai fait. J'ai braillé tout l'après-midi. Puis j'ai redressé  mes épaules.

Depuis, oui, je suis stressée financièrement, mais Porc-épic est soulagé, et plus heureux. Alors moi aussi.

Peut-être que s'il ne s'était pas fait sacrer dehors, c'est moi qui l'aurais mis à la porte, tannée de son air bête. Alors tout est bien qui finit bien, dans un sens...et je suis relativement fière de ma zenitude surprenante.