mardi 22 mars 2011

Une pouceuse pas comme les autres

Je pense que je viens d'embarquer une pute gaspésienne qui faisait du pouce. Il fait noir, il fait frette, quelqu'un lève son pouce au coin de la rue, je l'embarque!

D'abord, elle sent drôle. La cigarette, l'alcool, la crasse, peut-être quelque chose d'autre que je n'arrive pas à identifier. Ses cheveux sont ébouriffés. Elle ne s'attache pas, mais se recroqueville sur son banc. Elle rit nerveusement.

Quand elle me voit, elle est tout étonnée. Elle me dit que c'est rare les femmes qui embarquent du monde.

Pouceuse : Embarques-tu souvent du monde?

Moi : Non, pas souvent. C'est plus rare les pouceux à Montréal. Des fois, je voudrais embarquer du monde qui prennent l'autobus, mais comme j'ai pas de vitre électrique, le temps que je m'arrête, que je baisse la vitre, que je m'explique et me fasse comprendre, yé comme trop tard.

La pouceuse rit.

Moi :
Quand je prenais l'autobus, je me disais que quand j'aurais un char, j'embarquerais du monde qui attendent au froid.

Pouceuse : Je pense pas que je vais avoir un char un jour. Mais c'est pas grave!

La conversation continue. Je lui demande si ça fonctionne bien le pouce. Elle me dit que pas tout le temps, mais que ça ne la dérange pas de marcher parce qu'elle "travaille dans la rue".

Puis, en descendant, elle rit en disant que le gars du char d'à côté va rire en la voyant descendre, parce qu'il la regardait pas mal sur la rue où elle était avant que je l'embarque.

Quand elle descend, je remarque sa jupe et ses talons.

Pas tout à fait l'uniforme d'une squeegee.
Ni d'une travailleuse de la voirie.

Petite fenêtre entrouverte sur un autre monde, résolument étranger au mien.



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