samedi 30 janvier 2010

Un long janvier

Je n'en avais pas parlé ici parce que j'ai l'impression que quand je dis les choses, elles deviennent vraies. Que tant qu'elles ne sont pas énoncées en mots, c'est comme le bruit de l'arbre qui tombe dans la forêt quand personne ne l'entend, elles n'existent pas. Quand on parle d'une chose, on la rend vraie. Et quand on l'écrit, c'est encore plus vrai, parce que c'est non seulement énoncé, mais c'est gravé dans le temps. Quand Porc-épic m'a brièvement quittée il y a plusieurs années, je ne voulais pas en parler. Tant que les gens ne le savaient pas, le temps était comme suspendu et la vérité dégueulasse prenait son temps avant de s'imposer. Et j'espérais secrètement qu'elle allait imploser avant, ce qui est arrivé finalement, beaucoup de gens ont su après que nous étions revenus ensemble que nous avions été séparés.

Un peu de la même façon, je n'avais pas envie d'écrire ici que je pouvais perdre mes élèves d'un jour à l'autre parce que si je l'écrivais ça devenait vrai.

La prof que je remplace, partie en retrait préventif parce qu'elle est enceinte, a reçu début janvier une lettre lui demandant de retourner au travail, la menace du H1N1 étant passée. Quand la directrice m'a dit que j'allais perdre mon groupe, j'ai capoté. J'ai même pleuré dans son bureau, incapable de me retenir. Mais rien n'était sûr, ils allaient tout faire, la prof n'avait pas reçu l'avis final de la CSST, tout ça. J'ai enseigné mon cours d'après, espérant que les élèves ne verraient pas mes yeux rougis. Et j'ai passé tout le mois de janvier à angoisser, recevant les infos au compte-gouttes. La semaine dernière, on m'a dit que je perdais ma classe trois jours plus tard. Finalement, une semaine et trois jours plus tard. Ma directrice adjointe essayait de trouver du budget pour que la prof revienne faire du soutien linguistique et je reste en place, ce que tout le monde souhaitait. La prof, enceinte jusqu'aux oreilles, n'avait vraiment pas envie de revenir avec son groupe pour 8 semaines maximum avant de repartir en congé de maternité. Mais le directeur a dit qu'il n'avait pas d'argent pour ça. Ça regardait mal et je le voyais sur le visage préoccupé de mon adjointe. Finalement, elle est allée cogner du côté de la commission scolaire, qui a fouillé dans quelques fonds de tiroir. Et je vais garder mon groupe. J'ai su vendredi que j'avais toujours mon emploi lundi prochain. Mieux vaut tard que jamais! J'ai fêté ça hier et demain, opération planif, parce que je n'avais vraiment, mais vraiment riiiien prévu pour les semaines à venir. Trop incertain, trop déprimant. Mais là l'incertitude est finie et la relâche s'en vient bientôt, ça va me faire du bien après ce janvier vraiment long et chiant.

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