dimanche 20 octobre 2013

La charte

Ces temps-ci, je suis un peu lasse quand je lis mon journal le matin. J'ai comme une charte pognée en travers de la gorge. Je ne comprends rien à cette initiative qui prétend répondre à une menace que je ne vois pas. J'ai l'impression qu'on essaie de tuer une mouche avec un bazooka.

J'enseigne en classe d'accueil dans une école où les petits blancs canadiens-français sont la minorité. Forcément, des gens de toutes les couleurs et de toutes les croyances, j'en côtoie tous les jours. Des profs voilés, il y en a plusieurs à mon école. Et le fameux malaise dont parle Bernard Drainville, je ne le sentais pas du tout avant son stupide projet. Maintenant, j'en ressens un assez imposant.

Et pourtant, je comprends le malaise que suscite le voile chez certaines personnes, surtout chez certaines femmes. Moi-même, je me pose beaucoup de questions sur ce bout de tissu qui est tout sauf banal. Je pose aussi beaucoup de questions aux musulmanes qui choisissent de le porter. Parce que je suis curieuse, parce que je veux comprendre. Je ne comprends pas toujours, tout comme je ne comprends pas toujours la foi en général. Il m'arrive de ressentir un petit malaise quand je rencontre une femme qui porte le voile, malaise qui se dissipe généralement dès les premières paroles échangées. L'autre est la plupart du temps essentiellement comme soi. Oui, j'ai mal au coeur quand je vois de jeunes adolescentes obligées de porter le voile par leurs parents. Mais est-ce que d'empêcher une éducatrice, une prof, une infirmière de le porter va vraiment aider cette jeune ado? Les femmes qui le portent parce qu'on les y oblige sont habituellement aussi celles qui sont aussi obligées de rester à la maison à faire la vaisselle. Les femmes qui travaillent pour l'État sont justement celles qui sont bien intégrées à notre société. Je suis athée, mais qu'on songe à les forcer à choisir entre leurs convictions et leur emploi, ben ça me lève le coeur. Et j'ai honte du PQ, honte de mon peuple.

Nous sommes plus ouverts que notre gouvernement.

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