Je fais quoi?
J'y vais? Je garroche mes lèvres sur les siennes? Oui, go. J'y vais. Le moment est parfait.
Jusqu'à ce qu'il devienne imparfait. C'est l'histoire de ma vie. Tandis que je mouille mes lèvres en secret, Anouk me sort un poignard de mots.
- Je suis contente de t'avoir comme ami.
Je crois que je l'ai entendue, la musique des comédies dramatiques, la trompette du découragement. L'amour, ça fait mal je vous dis.
On s'est levés, on s'est donné des petits becs sur les joues, froids, froids - plus que froids : frettes.
- Moi aussi, je suis content de t'avoir comme amie.
L'amour, c'est quétaine, de toute façon."
Pavel T. 3, L'amour m'écoeure, Mathieu Simard
***
J'aime ce passage d'abord parce que je le trouve bien écrit et touchant, tellement réaliste et représentatif de ce qui passe dans la tête d'un ado qui angoisse.
Pis aussi, il me fait tellement penser à ce que j'ai souvent ressenti face à mon amour de jeunesse, avant même Porc-épic, quand je confondais amitié et amour et que je rêvais d'embrasser mon meilleur ami de toujours. À partir de mes 10 ans j'ai cru que je l'aimais et je crois que c'est seulement quand je suis tombée amoureuse de Porc-épic, six ans plus tard, que j'ai compris que je mélangeais amour avec affection, tendresse, mauvaise estime de soi, romantisme éperdu et hormones bouillonnantes. C'est une bonne chose que ledit meilleur ami était moins confus que moi parce que nous aurions vraiment fait un couple horrible d'ailleurs. J'ai l'impression que mon adolescence n'a été qu'une suite de malentendus et de rendez-vous manqués. Comme celle de tout le monde, j'imagine. Mais sans ce chemin tortueux, je n'aurais peut-être pas trouvé mon Porc-épic au fond d'un champ de maïs.
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